New Byzance est le premier tome de la première série qui se déroule dans l’univers de Uchronie[s].
Nous y découvrons Zack, un prescient qui a la capacité d’induire chez les autres les rêves qu’il fait. Recruté par l’Utopie Fondamentaliste, le gouvernement de New Byzance, il crée des univers alternatifs, dans lesquels il met en scène ses patients, dans le but de leur montrer des futurs alternatifs, et donc de les remettre dans le droit chemin. Néanmoins, ses pouvoirs commencent à s’amenuiser, aussi devient-il un fugitif. Dans sa fuite, il trouve refuge auprès de Tia, elle-même offrant un abri à Emily, une jeune femme tout juste répudié par son mari, membre éminent de la haute société de Byzance.
Le résumé ci-dessus peut sembler un peu confus. Et il l’est à juste titre, et pour deux raisons :
- Tout d’abord, chacune des séries qui composent cet univers peuvent se lire dans dans n’importe quel ordre (au sein d’une même hypersérie). De ce fait, l’entrée du lecteur dans cet univers fictif se fait forcément sans ménagement, tant qu’il n’en n’aura pas vraiment fait le tour.
- Ensuite, la narration de ce premier tome suit deux personnages que tout oppose au début du récit, ce qui peut ajouter un peu à la confusion.
Néanmoins, le scénario se suit plutôt facilement malgré tout, et avec plaisir, malgré des dialogues parfois un peu rapides et maladroit.
L’univers que l’on découvre au travers de cet album est déroutant, et c’est certainement le but. Les pouvoirs des prescients semblent être un amalgame de plusieurs concepts de science-fiction, qui seront à clarifier dans les autres tomes. Néanmoins les dessins rendent justice à cet univers uchronique, dans lequel New York a été remplacé par New Byzance ! Les paysages sont magnifiques, avec ses buildings américains couverts des coupoles orientales. On sent un vrai travail de recherche artistique, tant sur le plan architectural que sur la définition des vêtements des différents protagonistes, qui allient brillamment les modes des deux civilisations.
Le dessin, coloré et efficace, garantie une excellente lecture des planches et des actions.
Chaque personnage est bien caractérisé, tant sur le plan psychologique, que concernant ses motivations et ses traits physiques. Le lecteur s’implique facilement dans les déboires de Zack et Emily, deux personnages très différents dont on se demande comment ils s’en sortiront dans un tel monde dystopique. En effet, la société qui nous est décrite est totalitaire, proche de la loi islamique (pour le peu que j’en connais), baignée d’obscurantisme, et dans laquelle les femmes ont très peu de droit. Je suis beaucoup plus réservé sur le personnage de Tia, dont les motivations sont beaucoup moins claires, et qui fait un peu trop office de deus ex machina à mon goût dans ce tome. D’ailleurs, le commerce de celle-ci fait tâche dans la société qui nous est décrite.
Mention spéciale à la toute dernière planche de l’album, qui se termine sur un cliffhanger comme je les adore ! Espérons que la suite sera à la hauteur.