A l’occasion de mon dernier anniversaire, un couple d’amis proches m’a offert l’étonnant jeu « Thorgal : Qâ – le jeu ». Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jeu de table qui propose de revivre les péripéties de l’arc du Pays Qâ, à mon sens le meilleur de la série Thorgal1. Une expérience plutôt risquée, donc.
Car oui, en plus d’aimer la BD, je suis également grand amateur de jeux en tous genre (jeux vidéo exceptés) ! Ce qui me fait déjà deux gros défauts.
Principes du jeu
Nous sommes là face à un jeu en coopératif. Les joueurs incarnent l’un des personnages principaux de la BD d’origine (chacun ayant ses particularités), à savoir :
- Thorgal
- Aaricia
- Kriss de Valnor
- Jolan
- Tjall
- Arghun Pied-d’arbre
Ensemble, il devront traverser le dangereux pays Qâ avant que le terrible demi-dieu Ogotaï ne l’envahisse complètement. Des cartes permettent de représenter les différents lieux à explorer et traverser, ainsi que les épreuves à franchir pour progresser toujours plus profondément dans le pays Qâ. De petits jetons en cartons permettent de positionner chaque personnage dans l’aventure.
Pour cela, les joueurs disposent de dés, à lancer et relancer, tout en choisissant judicieusement les meilleurs tirages. Ceux-ci leur permettront de collectionner des cartes « compétences » de différents types (esquive, assassinat, infiltration…). En combinant ces dés et compétences, ils pourront réaliser des actions, comme explorer le pays, avancer vers l’objectif, ou encore affronter les chams envoyés par Ogotaï. Car ce dernier n’est pas en reste : après le tour des joueurs, tandis que ces derniers se reposent, le demi-dieu tyrannique progresse vers le haut de sa pyramide, lui permettant de déployer ses troupes (les chams, donc) dans tout le pays.
Ma note :
Matériel à la loupe
Allons-y tout net, le matériel n’est pas vraiment à la hauteur du récit qu’il veut faire (re)vivre aux joueurs. Et c’est bien dommage !
Bien sûr, ma critique ne porte pas sur les illustrations de Rosinski, au sommet de son art, et donc de toute beauté ! Je me demandais si certaines avaient été réalisées spécialement pour le jeu. Je ne pense pas. On peut toutefois légèrement critiquer leur sélection. Par exemple, pourquoi sur les cartes de personnages (qui présentent donc les héros que l’on incarne et ne sont pas sensées décrire des situations particulières) Thorgal semble serein mais Tjall est en pleine galère ?
En revanche, les choix effectués sur le matériel semble dénoter une économie maximum.
Tout d’abord, les dés sont vierges, et une planche d’autocollants est livrée avec. C’est donc au propriétaire de fabriquer les dés lors de l’ouverture de la boite. En plus d’être fastidieuse, cette étape présente le risque d’être mal réalisée, donnant des dés dont les faces ne sont pas bien alignées, ou étrangement pivotées. Notez que cela ne gênera en rien le jeu. En revanche, j’émet des doutes quant à la durée de vie de tels dés, dont les faces finement recouvertes d’autocollants devront donc résister à de nombreux lancers…
Ensuite, l’ensemble du jeu se présente sous la forme de cartes (de deux formats différents), qu’il s’agisse des tableaux de personnage, des différents lieux du pays Qâ, de la pyramide d’Ogotaï, des chams à affronter ou des compétences à collectionner. Si cela a du sens pour ces deux derniers éléments, le reste aurait pu prendre la forme de jolis plateaux en carton épais, et individualisés pour chacun de leurs types. Conséquence logique : la boite (environ 25x25x5cm) est vide à 85%, ce qui fait que l’ensemble se mélangera au moindre transport.
On pourra en outre regretter la taille réduite des cartes chams, qui ne rendent pas justice aux illustrations dépeignant pourtant parfois des scènes de combat plutôt étendues.
J’ai également noté quelques coquilles dans les règles du jeu. Notamment, pour ceux d’entre vous qui ont le jeu :
- Le pouvoir spécial de Tjall ne peut pas être déclenché durant la phase d’action (je suppose qu’il s’applique exceptionnellement durant la phase destin).
- Le descriptif des faces « Tanatloc » et « Déesse sans nom » ont été inversée dans la carte d’aide de jeu 3.
Enfin, sans doute n’ai-je pas eu de chance… Les petits jetons de personnages en cartons sont au nombre de 7, or ma boite ne contenait que 6 socles en plastique. 🙁
Bref, un matériel qui n’est pas au niveau d’un cycle de BD légendaire.
Ma note :
Expérience de jeu
A l’heure où j’écris ses ligne, j’ai testé une unique partie (qui a duré une bonne heure, bien que je n’aie pas vraiment chronométré) en solo.
Et mon expérience de jeu a été trés bonne. Les règles s’appréhendent assez rapidement. Et en solo, les tours sont trés fluides (en général, on est plutôt d’accord avec soi-même).
Chaque tour représente une sorte de casse-tête dans les combinaisons de compétences à réaliser, pondérées par la chance (ou pas) aux dés, avec un brin de stratégie dans vos choix de forcer ladite chance ou non.
(Au final, j’ai perdu. Mais peu importe, ce n’est pas le sujet.)
Note :
BD or not BD ?
Une question se pose en conclusion : retrouve-t-on l’esprit des BDs Thorgal dans ce jeu ?
Hé bien, la réponse est un grand oui !
Bien sûr, les somptueux dessins de Rosinski y sont pour beaucoup.
Mais la progression dans le pays Qâ au travers du jeu reprend les grandes lignes du récit initial. Les compétences que les personnages doivent déployer dans les cartes correspondent bien aux épreuves qu’ils traversent dans les vignettes originelles. Les capacités particulières de chaque personnage, sans être décoiffantes d’originalité, reflètent assez bien la personnalité de chacun.
Et personnellement, j’ai l’imagination qui bouillonne facilement lorsque je suis au cœur d’une partie. Aussi, dans une configuration donnée de jeu, je ne peux m’empêcher d’imaginer les réactions que les personnages ont ou auraient dans l’aventure d’origine. Le fier Thorgal qui s’enfonce seul dans la jungle de Qâ… La redoutable Kriss qui affronte des chams par demi-douzaines sur un vaisseau volant… Le malheureux Tjall qui enchaine les tirages moisis aux dés attire inexorablement les foudres d’Ogotaï, où qu’il soit…
Bref, cela fait quelques années que je n’ai pas relu le cycle de Qâ… Du coup, il vient d’atterrir au sommet de ma PàL ! Et d’ici là, je referai probablement quelques parties. Peut-être même avec mes frères, avec lesquels je découvrais l’univers du fier viking des étoiles il y a de cela 25 ans.
- Un avis assez commun parmi les fans de la saga.[↑]
- En effet, les jeux coopératifs sans contrainte peuvent donner lieu à des débats sans fin entre joueurs pour prendre la moindre décision…[↑]
- Il me semble évident que le symbole des « yeux » correspond à Tanatloc, et non à la Déesse… C’est pas comme si c’était le titre d’un des albums ![↑]
Ravi qu’il t’ai plu dans l’ensemble, à part le matériel. Ça donne envie d’essayer une partie !
Merci à toi l’ami pour ce super cadeau !
Avec plaisir pour en faire une partie ensemble, dès que possible. 🙂