Il y a quelques décennies, un monstrueux portail inter-dimensionnel s’ouvrit dans le ciel du royaume de Pendragon. Par celui-ci se déversèrent des hordes de démons, mettant à feu et à sang le royaume des hommes et autres créatures paisibles. Mais contre ces armées infernales se dressa bientôt le légendaire roi Arthur, armé de son épée magique offerte par le sorcier Merlin. De prouesses en prodiges, le héros repoussa les terrifiants envahisseurs et referma le portail infernal.
Mais désormais, Arthur est devenu un déchet perpétuellement imbibé d’alcool. Son épouse est décédée, sa fille ainée a disparu et sa cadette, Ysabelle, rêve d’évasion alors qu’elle est promise à un baron aussi lubrique que répugnant. C’est l’épée magique d’Arthur, elle-même, douée de conscience et de parole, qui lui offre alors la chance de sa vie en lui proposant de s’éclipser du château et de partir en quête de sa sœur dans un monde qu’elle connait bien mal…
J’avais lu différentes critiques trés élogieuses sur cet album indépendant, que j’ai mis un peu de temps à me procurer… Et sans doute aurais-je dû passer mon chemin !
Je dois reconnaitre que je suis un grand fan de la matière de Bretagne traditionnelle (contes et légendes d’Arthur, Merlin, et des chevaliers de la Table Ronde) ; et me lancer dans une variation trés libre était un exercice un peu périlleux pour moi. Je ne suis pourtant pas borné, et il m’est arrivé d’apprécier des œuvres tirées de cette mythologie tout en la détournant largement (la série Kaamelott d’Astier, en tête, mais aussi les dernières saison de Stargate SG-1 par exemple).
Pourtant, je n’ai clairement pas apprécié ma lecture.
Si le scénario ne manque pas de péripéties et peut maintenir l’attention du lecteur sur la destinée finale d’Ysabelle, le récit se veut avant tout humoristique, voire parodique, amoindrissant ainsi les enjeux de son épopée sommes toutes assez improbable.
J’ai même noté quelques grosses incohérences scénaristiques dans la narration globale du récit (sans compter que l’une des révélations finales est assez évidente à mon sens) :
L’humour lui-même laisse à désirer. Et si je me suis surpris à sourire à certains échanges entre la princesse déchue et son épée magique, la plupart des ressorts humoristiques sont au niveau de la ceinture ou de la giclée de sang. Trés peu pour moi, personnellement. Car si cela peut fonctionner dans une saga comme Lanfeust, c’est ici manié à l’excès, sans subtilité ni dosage1. Certains passages sont carrément révulsants, même si le dessin permet une distance vis à vis de ceux-ci…
…et ce n’est sans doute pas vraiment une qualité. Le dessin est trés simple, pour ne pas dire minimaliste. Si cela peut trancher avec les légendes arthurienne dont prétend s’inspirer le récit (légendes que l’on imagine plutôt fourmillantes de détails), cela pourrait servir une aventure beaucoup plus légère et humoristique. Mais compte tenu du niveau dudit humour, le dessin ne sert finalement ni l’un ni l’autre. Et s’il reste tout à fait lisible, c’est sans plaisir que l’on parcours les vignettes de ces personnages caricaturaux, parfois totalement déformés, ou aux couleurs fantaisistes. Je pensais au départ que ces dernières caractéristiques pouvaient être dues à l’invasion démoniaque intervenue une génération plus tôt dans le récit (hybridations ? adaptations ?) ; mais j’ai fini par abandonner toute recherche d’une cohérence quelconque à ce niveau.
Alors oui, il y a un message féministe, assez évident, pour ne pas dire « peu subtil ». Et si l’intention est louable, la mise en œuvre est encore plus lourde que l’épée magique du récit… et ce n’est pas peu dire !
Notez que l’ouvrage est chapitré ! Un découpage que j’apprécie, surtout sur des récits longs, qui permet au lecteur de respirer et de prendre un peu de reculs entre deux étapes de l’histoire. Ici, nous avons :
- Prologue
- La Princesse
- La Sorcière
- La Guerrière
- La Reine
- Epiloque
En conclusion, Furieux, c’est peut-être le sentiment que j’ai ressenti lors de ma lecture. LEcture que je ne vous conseille donc pas !