Frontière est un récit de science-fiction d’anticipation, une histoire complète, dotée de dessins pour le moins étonnants compte tenu du sujet.
Synopsis
Nous suivons principalement trois personnages dans des trajectoires finiront par se croiser. Nous nous plaçons dans un futur proche, et l’humanité a commencé la colonisation de diverses planètes proches de la Terre 1. Ji-Soo est une scientifique, en charge de la conception d’une sonde ayant pour but d’instruire l’humanité sur les origines de l’univers. Mais dans une société dominée par les Méga Corporation, sa sonde est déviée de son objectif initial, et elle-même est mise au placard. Elle finira par croiser Alex, un technicien né dans l’espace, n’ayant jamais posé le pied sur la moindre planète. De son côté, Camina est une mercenaire, qui vend ses services au entreprises les plus offrantes. Mais suite à une grave blessure, elle décide de prendre sa retraite, et remets profondément en question le sens de sa vie.
Des dessins originaux
Comme évoqué en préambule de cet article, la première chose qui surprend est le dessin ! Alors que les environnements, les technologies et les paysages sont plutôt réalistes (voir très), les personnages sont extrêmement caricaturaux, doté d’immense têtes très expressives, de petits corps, et d’extrémités (pieds et mains) démesurément réduites. Ce style est définitivement atypique, et s’il peut déranger, je dois reconnaître qu’il est finalement assez séduisant.
Et je n’ai donc pas eu beaucoup de mal à entrer dans l’univers de cet album.
Une narration discutable
L’ouvrage, bien que chapitré, peine toutefois a clairement transmettre la manière dont il construit son récit. Ainsi, sa première partie, qui pourrait bien faire pas loin de la moitié de l’ouvrage, suit différents personnages dont on a beaucoup de mal à comprendre la manière dont ils finiront par converger. On a ainsi des tranches de vies dans un univers à mi-chemin entre l’anticipation, le cyberpunk, et la hard science. Considérant cela, et en ajoutant que l’on suivra au moins partiellement des ferrailleurs de l’espace durant le récit, il est impossible de ne pas comparer Frontier au manga Planète, critiqué récemment sur le blog.
Et contrairement au dessin, cette narration qui met beaucoup de temps à démarrer a eu du mal à m’emporter. Sans être inintéressants, j’ai mis un bon moment avant de commencer à m’attacher à ces personnages et cet univers.
Et pourtant, l’histoire finit par réellement décoller, au propre comme au figuré ! Parfois contemplatif, le récit alterne entre des séquences intimes, et de véritables arcs scénaristiques, parmi lesquels, une chasse à l’homme haletante, ainsi que la tentative de sauvetage d’une station spatiale qui crée un réel suspens ! Des phases d’actions dont la tension est tout à fait réussie, qui s’entremêlent avec des moments réellement touchants ou légers entre personnages. Au-delà de leur trajectoire dans l’espace et dans la vie en général, les trois personnages principaux sont également dotés de leur propre évolution au fil des pages, même si la rédemption de Kamina et de loin la plus réussie à mon sens.
En sous-texte
L’on sent d’ailleurs une volonté réelle, et plus ou moins réussie, de la part de l’auteur, d’étoffer récit de science-fiction de véritables réflexions de fond, comme le veut toute bonne histoire de SF. Par exemple, l’ouvrage se dote d’un sous texte dénonçant le capitalisme, les Méga Corporations, et l’esclavagisme moderne, tout en promouvant la recherche d’un sens dans sa vie, tant personnelle que professionnel. Et si la démarche est louable, l’ensemble est proposé sans grande subtilité, et c’est un peu dommage.
À ce titre, et sans trop vouloir en dévoiler sur les dernier chapitre du récit, l’utopie qui est proposée n’est pas inintéressante, tout en étant beaucoup trop simpliste, et très manichéenne. C’est dommage, car si cela fait du bien, et peut même prêter à sourire, de trouver un tel îlot de paix dans un univers aussi déprimant, il aurait également été bon de rappeler que toute médaille a son revers.
Ainsi l’ouvrage se termine sur un happy end qui, s’il évite la niaiserie, n’évite pas à le convenu.
En conclusion, un récit de science-fiction assez sympathique si l’on parvient à entrer dedans malgré une première partie démesurément longue. Le dessin rend l’univers proposé assez atypique, les personnages sont attachants, même si le récit n’évite pas des passages cousus de fil blanc.
- Notez que nous semblons être dans un système planétaire ressemblant au système solaire, sans y être tout à fait identique non plus.[↑]