Le kabyle doit accomplir le troisième souhait qui lui est confié : trancher la tête de Shéhérazade. Mais alors qu’il pensait devoir affronter une intrigante surpuissante, il découvre encore que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… Afin de se libérer de la lampe tout en évitant une apocalypse, le kabyle se lance sur les traces du seul homme ayant compris la lampe : le mythique roi Salomon.
L’album commence par un récapitulatif in universe qui est plus que bienvenu, alors que j’ai pourtant lu les trois albums de la série l’un après l’autre…! Mais il augure à peine de l’imbroglio à venir dans la suite de la BD. Car si le tome précédent était « velu » côté scénario, en imbriquant des péripéties présentes avec divers flashbacks, le scenario de ce troisième tome franchit deux ou trois niveaux en gardant la même construction (présent et passé entrelacés). Et le résultat frôle l’indigestion ! Je ne suis pas persuadé que l’ensemble soit vraiment incohérent, peut-être faussement complexe, mais surtout très confus… Les motivations des uns et des autres sont fluctuantes au grés des révélations. Les lieux ont tendance à se ressembler (Jérusalem, Iram, la tome de Salomon…) sans parler des deux personnages féminins qui sont littéralement identiques. Bien que nous soyons dans le dernier tiers de l’histoire, de nouveaux personnages viennent densifier les intrigues (Shéhérazade, Baudouin, les marids…). Enfin, la magie dans cette trilogie de fantasy est entachée par de nouveaux pouvoirs (comme la capacité de commander à la lampe) ajoutés au fil du récit ce qui va à l’encontre d’un bon système de magie ; c’est d’autant plus dommage que les auteurs parviennent en même temps à jouer avec leurs propres règles (les détournant, exploitant, combinant, réutilisant…).
Globalement, cet album se caractérise par le « trop ». Scénario trop dense. Enjeux trop fluctuants. Personnages trop nombreux. Proportions trop démesurées. Sur ce dernier point, soulignons que le récit quitte l’oriental fantasy et les 1001 nuits, à proprement parler, pour s’envoler vers une dimensions mythologique et prendre des proportions bibliques coraniques, qui ne sont pas des plus réussies.
Le personnage principal, quant à lui, peine à être intéressants (et pas mieux pour les personnages secondaires). Le scénario ne laisse aucune place à son développement ; en outre, le personnage souffre d’amnésie du fait de l’utilisation de ses pouvoirs, ce qui le rend d’autant moins attachant.
En conclusion, une déception que ce dernier tome, qui fait tâche d’huile sur toute la trilogie. Je pense que l’ensemble aurait pu être rendu bien plus digeste et intéressant en doublant le nombre de tomes (un défaut déjà présent dans La Licorne du même scénariste). D’autant que les dessins oscillent entre l’honorable et le splendide, et servent parfaitement bien le récit.
On m’a appris que l’homme était une marchandise parmi d’autres, et qu’il n’est pas la plus précieuse d’entre elles. On se bat pour l’or. Pas pour les esclaves.
Shéhérazade
