Ce second tome de la Légende des Jedi prend la suite directe du tome précédent. Nous retrouvons donc Jori fuyant l’Empire Sith sans savoir qu’elle est porteuse d’un traceur qui indique aux sith la voie hyperspaciale directe pour envahir la République. Naga Sadow, le seigneur noir de ses derniers rassemble donc l’ensemble de la flotte, tandis que le jeune Gav est désormais sous sa coupe. Mais consciente de sa terrifiante découverte (à savoir un Empire Sith florissant à l’autre bout de la galaxie), Jori ne désespère pas et met tout en œuvre pour tenter de alerter l’impératrice Teta et le sénat de Coruscant.
Du côté des bons points, il faut reconnaitre que l’idée d’opposer le frère et la sœur (jumeaux) est plutôt intéressante, et renouvelle intelligemment la mythologie Star Wars. Toutefois, le personnage de Jori reste trop survolé, tandis que celui de Gav a des motivations qui sont simplement incompréhensibles (les suppléments en fin d’albums parlent « d’esprit faible » ou de « personnalité malléable »… M’ouais). Mon impression général est que la narration va beaucoup trop vite ! Peut-être la faute à un scénario signé par un romancier, qui souffre alors de ne pas pouvoir raconter toutes les idées qu’il avait en tête ? Difficile à dire, mais les enjeux sont clairement trop ambitieux pour ce qui nous est réellement montré dans l’album. Typiquement, la fameuse Grande Guerre de l’Hyperespace semble se résumer à un simple aller/retour de la flotte sith, quelque part entre le digestif du midi et l’apéro du soir… Et même si les dialogues1 et cartouches tentent de nous faire sentir ce qui n’est pas montré, l’ensemble du soufflet, s’il était monté, retombé très très vite. Notons toutefois une fin vaguement ouverte.
Je garderai un bon souvenir du personnage de l’impératrice Teta. Bien que secondaire, son rôle va croissant, et il faut reconnaitre la prise de risque (réussie) de proposer une impératrice qui soit du bon côté dans Star Wars. Placée à la croisée du destin de son secteur (tout juste réunifié), elle fait le choix difficile de gracier d’anciens rebelle sous condition qu’ils rejoignent sa bannière et défendent la République. Une excellente idée, pouvant être creusée de multiples manières, mais sans grande ampleur dans le présent album. La faute sans doute encore à un format trop restrictif.
A l’inverse, ces deux premiers tomes de la Légende des Jedi restreignent (volontairement ou non) les actions dans des secteurs imités de la Galaxie (le secteur Koros, Ziost, Coruscant…). Cela me semble un parti pris plutôt intelligent : plutôt que d’avoir des conflits globaux aux échelles gigantesques comme ce sera le cas beaucoup plus loin dans la chronologie (comme la Guerre des Clones et l’invasion Yuuzhan Vong), limiter géographiquement les zones de conflits loin dans le passé est beaucoup plus cohérent. Cela permet de garder intact l’impact des guerres futures, sans forcément réduire les enjeux des conflits passés. Vous me suivez ?
Les dessins, quant à eux, restent passables. Sans vouloir faire preuve de dédain ou de suffisance, ils me font l’effet d’oeuvre de facture plutôt mauvaise typique des années 90. Ce n’est pas fondamentalement laid, mais disons que ça fait vraiment le minimum pour servir le récit, tout en proposant des choix assez étonnants (comme des couleurs criardes) et en faisant un maximum d’économies (en premier lieu sur les détails et les décors). Sans parler de certains choix de design que je n’ai fondamentalement pas compris, comme le vaisseau la sphère de méditation de Naga Saddow qui est simplement… moche !
Néanmoins, toute l’ambiance qui se dégage de cet album n’est pas à jeter, loin de là ! J’ai par exemple aimé cette idée d’opposer la méditation de combat des Jedi (qui sera repris 5000 ans plus tard par Jacen Solo durant les batailles contre les Vong, si je ne dis pas de bétise) à la magie et aux illusions des Sith. Cette opposition se retrouve d’ailleurs dans de nombreux choix de design, où organes, technologies et sorcelleries se mèlent, en particulier chez les méchants.
Enfin, notons que ce tome pose plusieurs pierres de la mythologie de Star Wars, tels que les temples Massasi de la planète Yavin IV (qui servent de base aux rebelles à la toute fin de l’Episode IV cinématographique) ou la mention de la planète Ossus (futur centre névralgique de l’ordre Jedi).
Signalons également que les suppléments en début et fin d’albums sont tout à fait remarquables : le rappel de l’épisode précédent et des personnages principaux est toujours appréciable, et la galerie des couvertures est tout simplement somptueuse !
Pour rappel, ces deux premiers tomes constituent un cycle complet se déroulant -5000 ans dans la chronologie de Star Wars. Les quatre tomes suivants racontent une histoire différente se déroulant -4000 ans dans la chronologie. Et j’avoue que j’en attend beaucoup ! A suivre…