Retour à Tubonia !

Attention : Spoilers de niveau 4/5 !

L’article ci-dessous contient des spoilers : beaucoup de révélations sur l’œuvre, y compris sur des aspects majeurs de l’intrigue et des twists importants ; mais sa conclusion n’est pas abordée, ou de manière masquée (clic nécessaire de la part du lecteur pour y accéder).


Justine est une jeune viouveuse… Descendue de son lointain village, elle découvre la vie dans les grandes villes de Tubonia, animées chacune par un Tubonien, plus ou moins spécialisé dans un domaine.

Hélas, tous les viouveurs ne sont pas pacifistes et bienveillants. Et sur Tubonia, l’on croise aussi les terribles trolls… Plus organisés que l’on n’aurait pu le croire, leur but est de déclencher des batailles rangées dans les cités de Tubonia, pour leur seul plaisir. Ceux-ci recrutent d’ailleurs un nouveau membre dans leurs rangs, Kevinus, jeune viouveur particulièrement prometteur…

Comme je l’évoquais dans cet ancien article, il était peu probable que l’on retourne sur Tubonia un jour… et c’est avec plaisir que je constate que j’ai eu tort ! Troisième ouvrage se déroulant dans cet univers de fantasy loufoque, immense métaphore de YouTube et ses utilisateurs (voyez l’article précédent en lien pour mieux comprendre), il ne s’agit pourtant pas de la suite des tomes précédents, mais bien d’un spin-off. Comme ses prédécesseurs, il a bénéficié d’une campagne participative sur Ulule, et c’est ainsi que je me le suis procuré (avec une dédicace en prime !).

En tant que spin-off, cet album s’inscrit dans une nouvelle collection : les Chroniques de Tubonia, qui est donc parallèle à la série principale. Cette collection comptera-t-elle d’autres opus à l’avenir ? Peut-être… Pas sûr…

Une histoire… « meh »

Et si l’album n’est pas désagréable, il m’a semblé être un cran au-dessous des tomes précédents, en particulier du premier qui donnait vraiment le ton et bénéficiait de l’effet de surprise..

Nous suivons ici des viouveurs anonymes, aux prises avec des trolls redoutables et organisés1. L’on retrouve ainsi le lore exposé dans les tomes précédents, et l’on pourra regretter que celui-ci soit assez peu (ré)explicité et quasiment pas plus approfondi. Aussi, nous retrouvons dans ce spin-off quelques bonnes idées secondaires introduites dans les opus précédents, mais peu explorées et pas grand chose d’autre sinon une aventure assez peu novatrice. Notons tout de même la hiérarchisation des trolls, ou l’introduction des modos, mais ce sont des innovations assez faibles qui ne servent que peu le récit.

Ledit récit est d’ailleurs assez statique, avec des twists convenus (en particulier le lien quasi-évident entre Justine et Kevinus) et peinant à s’installer2 ). A l’inverse, on aurait pu avoir des clins d’oeil ou des renvois aux évènements des autres albums de Tubonia ; mais sauf erreur de ma part, il n’y en a pas. Le parti pris dans ce premier tome des « Chroniques de Tubonia » est d’adopter le point de vue des viouveux ; même s’il me semble que le personnage d’Anthox remplissait déjà très bien cette fonction dans les tomes 1 et 2.

Fidèle aux principes de l’univers de Tubonia, le dessin de Floriank se veut humoristique et bourré de références (dont je suis certain que bon nombre m’ont échappées). Le charadesign est particulièrement réussi sur la forme, avec des personnages totalement loufoques et parfaitement adaptés à la vaste parodie qu’est Tubonia. En revanche, certains changements radicaux de morphologie d’un même personnage, d’une vignette à l’autre3, on eu tendance à un peu me dérouter.

L’humour reste central dans ce spin-off, même si j’ai eu l’impression que le niveau était là-encore un cran au-dessous des tomes précédents : les blagues m’ont semblées plus lourdes, potaches, et la subtilité ou le second degré manquaient de temps en temps…

Pour autant, l’album permet quelques réflexion interessantes, telles que la dérive des trolls sur youtube (et internet en général), mais aussi la critique de l’omniprésence des pubs, la facilité à se laisser emporter par un flot de haiters, ou encore la puissance du self-control face aux provocations.

Derrière le projet

L’architecte de ce troisième ouvrage est donc Florianks. Initialement assistant-dessinateur sur les deux premiers tomes de l’univers de Tubonia, il devient ici pleinement dessinateur. Son style est d’ailleurs tout à fait similaire à celui du Dessinator (qui a signé les dessins des tomes précédents). A mon sens, c’est à la fois une qualité et un défaut : l’univers visuel conserve une homogénéité appréciable, mais l’on perd en originalité et en surprise.

Florianks est également crédité au scénario de ce spin-off, ainsi que Sir Gibsy et Absol, deux des scénaristes des tomes précédents… mais pas seulement ! En effet, la campagne de financement participatif du tome 2 de Tubonia proposait comme contrepartie utime (1000€) de participer à l’écriture de ce « Soulèvement des viouveurs ». 5 personnes ont ainsi acheté le droit de scénariser cette nouvelle aventure, mais aussi de se retrouver devenir l’un des personnages secondaires de l’album !

Ce dernier point est une fausse bonne idée à mon sens, du moins du point de vue du lecteur. En effet, l’on sent bien que ces personnages ont une importance sous-jacente, mais la narration de parvient pas à l’expliciter. J’en avais donc déduit qu’il s’agissait de personnalités plus ou moins connues du youtube francophone qui m’échappaient, des références qu’il me manquaient, en somme. Mais non, ce n’est qu’après que j’ai retrouvé l’origine de ces 5 personnages dont les interventions me semblent ainsi assez artificielles.

Même si je dois admettre que ce doit être trop la classe d’être représenté dans une BD de fantasy !

En conclusion, une lecture loin d’être déplaisante, mais également loin d’être inoubliable. Même si le retour dans le monde du Tubonia rest une expérience toujours intéressante et amusante.

  1. La référence à 4chan est assez peu cachée.[]
  2. Même si l’absence finale de happy end total est une surprise paradoxalement heureuse ![]
  3. A la manière des mangas.[]

Notes

Scenario : 3 / 10
Dessin : 4 / 10
Ambiance : 6 / 10
Note moyenne : 4.3 / 10

En savoir plus sur l'album...

Album : Le Soulèvement des Viouveurs

Type de BD :

Collection :

Parution : juin 2024

Taille : 59 pages

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