Imaginez un monde d’inspiration orientale où les necromants sont monnaies courrante et visent à se lier aux fantômes les plus talentueux (puissant mage, dirigeante géniale, guerrier invaincu…). Ainsi, ces magiciens peuvent se faire posséder à loisir, et bénéficier à leurs comptes des talents des morts1. Dans un tel monde, Acher est le plus ridicule des necromants, et les fantômes qu’il a asservis ont plus de défauts que de qualités… Mais lorsque sa sœur se trouve possédée contre sa volonté par un l’archimage oublié Boph-Êt, Acher se retrouve bien malgré lui contraint de la secourir. Et sauver le monde avec, accessoirement.
Proposé aux éditions Drakoo qui (me semble-t-il) se spécialisent dans la fantasy décomplexée, ce tome #1 est la première partie d’une histoire complète et autonome en deux tomes.
Nous suivons donc ici Archer, un loser magnifique, accompagné de ses trois spectres : un guerrier incompétent, un sage un peu déphasé et une danseuse du ventre. La lecture est plaisante, linéaire et simple, non sans quelques facilités scénaristiques d’ailleurs. Largement teintée d’humour, de références et de jeux de mots plus ou moins réussis, il sera tout à fait impossible de lire Necromants sans penser à Lanfeust de Troy (au titre de la fantasy humoristique, mais pas seulement2 ). Et si la comparaison ne sera bien sûr pas à l’avantage de ce Necromants, l’on retrouve tout de même l’ambiance joyeuse et sans complexe du monde de Troy dans cet empire de Moras.
Par nature, le récit oscille avec une certaine intelligence entre le présent des personnage vivants, et le passé des protagonistes décédés3. Tout une partie de l’album est d’ailleurs un immense flashback. Il est pourtant frustrant que le lore de Nécromants ne soit pas plus développé que cela. Ainsi, l’on se pose de nombreuses questions :
- Où sont les morts qui n’ont pas été invoqués ?
- Les illustres personnages du passé prennent-ils des mesures pour ne pas être invoqué ultérieurement ? Ou au contraire, certains y voient-ils une forme d’immortalité ?
- D’où proviennent les trois fantômes d’Archer ? Pourquoi et comment les a-t-il invoqué ?
- Et quel sont leurs backgrounds individuels ?
- Au fil de l’album, nous découvrons différentes races évoluées, certaines inspirées d’animaux (félins, rapaces…) ou non. Comment interragissent ces différents peuples ?
De manière générale, ne serait-il pas intéressant de creuser aussi le ressenti des fantômes invoqués ? Regrettent leur vie passée ? Que pensent-ils du présent ? Qu’en est-il de ceux qui sont morts prématurément ? L’on sent que c’est un sujet dont l’auteur à conscience (au travers du spectre du jeune guerrier, ou par l’évocation anecdotique du fantôme d’un bébé…) mais là n’est pas le propos de ce diptyque, et le ton restera résolument léger et humoristique. Mais sans toutefois complètement éluder des thèmes de réflexion tels que la mort (évidement), le regret, ou l’héritage…
L’album se clôture sur un clichage des plus intrigants ! Et je suis curieux d’en lire la suite !
- L’on notera d’ailleurs la bonne idée de coloriser les bulles de dialogues, afin de symboliser si c’est le personnage vivant qui parle ou l’un de ses spectres.[↑]
- Le héros malgré lui, le triangle amoureux, le monde de fantasy vaste mais centré autour d’une grande métropole, le méchant conquérant…[↑]
- Cela m’a d’ailleurs fait penser au « Dernier des Dieux », une quadrilogie que je chroniquerai un de ces jours…[↑]