Suite directe du tome #1, nous retrouvons Acher et ses trois fantômes d’origine auxquels s’est désormais joint celui du légendaire guerrier Dmitri. Avec surprise, nous découvrons que c’est Montserra (stratège géniale et ennemie historique de l’archimage Boph-Êt) qui avait planifié les déboires de notre infortuné protagoniste, afin de réunir les héros du passé et ainsi vaincre de nouveau leur nemesis. Mais cela ne sera pas simple, car il leur faut encore retrouver la sépulture de Valgram, lieutenant de Montserrat et lui-même archimage de puissance équivalente à Boph-Êt. Retournements de situations seront de mise, tandis que de plus en plus de personnages se retrouvent impliquées dans cette quête entre vie(s) et morts.
Ayant lu et découvert les deux tomes de ce diptyque directement l’un après l’autre, j’ai du mal à ajouter des critiques complémentaires à celles que j’avais déjà émises pour le tome #1, tant les deux albums sont similaires et forment une histoire unique.
Le scénario se suit sans difficulté, même s’il n’est pas aussi linéaire qu’on pourrait le penser, notamment avec divers allers/retours géographiques, ou l’adjonction progressive de protagonistes. Pour autant, les enjeux sont assez faibles, et la conclusion de cette épopée se fera sans surprise majeure (bien qu’un twist final surprenne néanmoins). Plusieurs ellipses temporelles un peu grossière gâchent la narration (comme la déclaration d’une grande guerre, à peine évoquée en une page ou deux) et certaines facilités passent difficilement, comme le plan de Montserrat (qui donne son nom à l’album) dont on doute qu’elle pouvait prévoir la totalité des péripéties vécues par Acher. Par ailleurs, certains arcs scénaristiques amorcés dans le premier tome sont abandonnée (par exemple, le triangle amoureux entre Acher, Lavia et Ayu).
Aussi, je regrette encore que le lore de Necromants ne soit pas davantage développé. A ma liste proposée dans la critique du tome #1, on pourrait ajouter :
- Comment fonctionne le sortilège qui permet de lier un vivant à un fantôme ?
- Combien un nécromants peut-il avoir de spectres à sa disposition ? Une fois liés, peut-il les délier ?
- La notion de « puissance » d’un vivant ou d’un mort semble capitale, puisqu’elle définit qui aura le dessus sur qui… En théorie, c’est le nécromant qui domine le fantôme, mais le scénario nous montre que le contraire est également possible. Comment cela fonctionne-t-il ?
- Un fantôme peut-îl passer d’un nécromant à l’autre ? Si oui, comment ?
- Quelles sont les factions présentes dans ce monde ? L’Empire de Moras est évoqué, ainsi que son ennemi le Sultanat.
Je suis assez convaincu que le scénariste, Gay, dispose d’une sorte de « bible » de son univers. Pour preuve, si l’on y prète attention, l’invocation qui permet de lier un nécromant à un fantôme évoque 4 archimages, dont Boph-Êt (c’est indiqué dés le début de l’histoire) mais aussi Varlam (ce n’est pas du tout abordé) ainsi que deux autres noms qui ne sont pas développés. De quoi supposer tout un background entre ces mages, plusieurs siècles avant l’aventure d’Acher.
J’ai également eu le sentiment que l’humour était en retrait dans ce second tome, par rapport au premier. Pour autant, cela ne m’a pas vraiment gèné ; contrairement au vocabulaire employé par les protagonistes. Plutôt moderne, il est cohérent dans un récit de fantasy empreint d’humour, mais sonne un peu faux quand celui-ci commence à s’absenter.
Le dessin reste de très bon niveau, avec des personnages bien caractérisé, des actions tout à fait lisibles, et des mimiques de visages plutôt justes et parfois de très belles compositions.
Pour conclure, je spoilerai un peu en annonçant que contrairement à la manière dont est vendue ce diptyque, il ne s’agit pas d’une histoire complète ! Car si le méchant est tout de même vaincu, la principale question demeure en suspens. Le monde proposé dans Necromants est profond, et un univers étendu peut tout à fait s’y développer. Toutefois, j’ai du mal à trancher : suis-je satisfait que nous ayons d’autres aventures futures à y lire ? Ou suis-je frustré de ne pas avoir le fin de mot l’histoire qui nous était pourtant promis ?