Star Wars Invasion : qu’est-ce que c’est ?

Star Wars Invasion (abrégée en « SW Invasion » ou « SWI ») est une série de comics éditée sous la forme de trois albums hardcover en France. Comme son nom l’indique, cette série prend place dans l’Univers Legends de Star Wars et est relativement méconnue y compris des fans de cet univers (me semble-t-il).

SWI se déroule durant la période du « Nouvel Ordre Jedi » (voir la chronologie Star Wars).

Rappelons tout d’abord le contexte :

Nous sommes 25 ans après la Bataille de Yavin (correspondant au premier film « Star Wars Episode IV »). Les Rebelles ont vaincu l’Empire. Et malgré de nombreuses luttes, ils ont constitué la Nouvelle République, jeune gouvernement galactique qui vise à instaurer une ère de paix durable. De son côté, Luke Skywalker a fondé un Nouvel Ordre Jedi et a formé nombre de nouveaux chevaliers, dont certains ont désormais atteint le rang de maitre. Mais tout cela est encore bien fragile…

Et aux confins des mondes connues, une menace inédite gronde. Les Yuuzhan Vong, une civilisation venue d’au-delà de la galaxie lance une invasion de grande ampleur. Impitoyable, vénérant la douleur, dotée d’une incroyable technologie organique et absente de la Force, l’armada Vong est proprement inarrêtable. Et la République essuie débâcles après débâcles, comptant les morts par millions et les planètes perdues par dizaines…

La saga des Yuuzhan Vong (ou « Nouvel Ordre Jedi »)

D’un point de vue intra-diégétique, la période du « Nouvel Ordre Jedi » s’étale de l’année +25 à l’année +36, mais son immense majorité décrit la guerre contre les Yuuzhan Vong qui va de +25 à +29. Cette guerre se décline principalement en 19 romans, parus de 1999 à 2003 (voyez cet article pour plus de détails concernant l’origine du tableau ci-dessous).

Œuvres constituant le « Nouvel Ordre Jedi »

Au passage, je me permet de souligner que j’ai toujours trouvé ce nom de « Nouvel Ordre Jedi » pour cette période plutôt mal adapté :

  • D’une part, le nouvel Ordre Jedi fondé par Skywalker existe depuis au moins 10 ou 20 ans in universe ;
  • D’autre part, cette période ne couvre que la guerre contre les Yuuzhan Vong : il aurait donc été plus logique de lui donner un nom en rapport avec cet évènement sans précédent ;
  • Enfin, le nouvel ordre jedi perdure bien après la guerre contre les Vong (et ne prend fin qu’au tout début de la série Legacy, plus d’un siècle plus tard).

Bref.

Parus de 2009 à 2011, la trilogie de comics qui nous intéresse vient donc s’intercaler entre des romans écrits une décennie au préalable (ce qui est une certaine garantie de continuité). La saga SWI se situe au début de la période « Nouvel Ordre Jedi » et se positionne comme suit :

  1. Vector Prime (roman1)
  2. Star Wars Invasion #1 : Réfugiés (comics)
  3. Star Wars Invasion #2 : Rescapés (comics)
  4. La Marée des Ténèbres #1 : Assaut (roman)
  5. Star Wars Invasion #3 : Vérités (comics)
  6. La Marée des Ténèbres #2 : Naufrage (roman)

Pour autant que je sache, il s’agit du seul comics publié sur cette période in universe.

Pourquoi lire SWI ?

Je suis un grand fan de l’univers Legends de Star Wars. Mais la période de la guerre contre les Yuuzhan Vong est un domaine que je connais extrêmement mal (je n’avais lu que le premier roman, autrefois). Alors, pourquoi me lancer dans cette série de comics ?

Tout d’abord, c’est une période qui m’a toujours fascinée, malgré ma méconnaissance. Pour une fois, nous abandonnons l’éternel conflit entre Jedi et Sith, pour nous tourner vers une invasion aux proportions encore jamais rencontrée dans Star Wars, avec des enjeux qui vont plus loin que les œuvres passées (voir ce paragraphe ci-dessous).

Ensuite, j’ai beaucoup aimé les comics de Tom Taylor que j’ai lu jusqu’à présent, en particulier la saga Injustice ou encore sa proposition sur Ra’s Al Ghul. Connu pour son travail chez DC Comics sur Batman ou Superman, il a également travaillé pour Marvel (X-men, Avengers…). On lui doit aussi quelques comics se déroulant dans l’univers de Star Wars, centrés sur Boba Fett ou Dark Maul.

Vous pouvez retrouver mes critiques détaillées des trois tomes de SWI en suivant les liens ci-dessous :

Soulignons que si en VO les trois titres commençaient par la lettre R (Refugees, Rescues, Revelations), cette allitération n’a étrangement pas été conservée en VF.

Aparté sur les Yuuzhan Vong

Je ne vais pas entrer dans un exposé détaillé de la civilisation Yuuzhan Vong, mais cela vaut le coup de nous attarder un tout petit peu sur eux pour mieux appréhender SWI.

Une civilisation extra-galactique

Par nature, les Yuuzhan Vong violent l’une des lois extradiégétiques du lore de Star Wars. En effet, l’ensemble des histoires qui nous sont narrées se situent dans « La Galaxie » (qui n’a d’ailleurs pas vraiment de nom). C’est une règle plus ou moins tacite, qui a toujours été respectée jusque là, et qui laisse largement assez de place pour inventer toutes sortes de sagas. Néanmoins, la civilisation des Vong provient d’ailleurs, d’une galaxie située bien au delà du terrain de jeu habituel des auteurs. Et cela leur donne deux (nouveaux) leviers :

  • Raconter une invasion civilisationnelle d’ampleur galactique, puisque le sujet est bien l’une qui envahit l’autre ;
  • Imaginer une civilisation qui soit radicalement différente de tout ce qui a été vu jusqu’à présent dans la galaxie connue, au risque là encore de s’éloigner drastiquement des pratiques courantes.

Et sur ce dernier point, nous ne sommes pas déçus ; car les Yuuzhan Vong tranchent véritablement avec les peuples et planètes déjà rencontrées dans les œuvres Star Wars précédentes. Tout d’abord, il présentent la caractéristique unique d’être « absents de la Force » ; les implications de ce point varieront d’un auteur à l’autre, mais cela empêche globalement les Jedi d’agir sur eux, les localiser, les influencer, sonder leur passé ou leur futur… Ignorant tout de la Force, les Vong ont développé un panthéon de divinités à qui ils doivent obéissance ; un aspect religieux souvent absent de la galaxie Star Wars. De plus, les Yuuzhan Vong aïssent toute technologie mécanique ou électromagnétique ; à l’inverse, ils ont développé une technologie organique comme nulle part ailleurs dans la galaxie (la moindre fonction généralement réalisé par un objet est ainsi assurée par des êtres vivants adaptés, plus ou moins conscients ou autonomes). Dernier points notable, la civilisation Vong est subdivisée en castes2 qui vouent toutes un culte (littéralement religieux) à la douleur. Ainsi, il est courant que les Yuuzhan Vong arborent avec fierté des tatouages, des scarifications ou même des amputations (souvent remplacée par des prothèses greffes organiques leur donnant parfois des compétences supplémentaires).

A cela, il faut ajouter que le civilisation Vong peut être considérée comme légèrement supérieure à celle de la Nouvelle République. En effet, les Yuuzhan Vong disposent de moyens inédits pour modifier des planètes, coordonnées leurs attaques, ou même modifier les forces de gravitations à l’échelle des systèmes stellaires. Leurs connaissances en biologie et bioingénierie sont extrêmement avancées. Et leurs guerriers sont d’une force, d’une rapidité et d’une puissance telles qu’ils rivalisent avec des chevaliers Jedi aguerris.

Un conflit aux proportions inédites

Face à une telle menace, la guerre contre les Yuuzhan Vong (qui nous est décrite dans la -longue- saga du Nouvel Ordre Jedi) prend des ampleurs inédites ; les différents auteurs ayant travaillé dessus semblent avoir eu plus de libertés dans leurs scénarios et leurs répercussions.

Les personnages même principaux sont réellement menacés (exemple : Chewbacca meurt dans le premier roman), des planètes connues peuvent être rasées (Coruscant est véritablement envahie), les vaisseaux sont détruits par poignées… Les populations sont éliminées ou déportées par millions. Bref, de vrais enjeux qui impliquent plus profondément le lecteur.

Cette guerre est aussi un immense crossover et un point d’orgue, car l’ensemble des factions croisées dans l’ensemble des œuvres précédentes se retrouvent impliquées de prés ou de loin dans la guerre : la Nouvelle République, l’Empire, les clans Hutt, le consortium de Hapes, l’Ascendance Chiss, les mandaloriens, les Ssi Ruuk…

A cela s’ajoute des conflits internes à chaque camps. En effet, la galaxie ne peut pas être unie. Et outre les dissensions entre les factions ci-dessus (qui peuvent apparaitre ou sont déjà historiques), des courants divergeant existent bel et bien au sein de chaque force en présence. Ainsi, l’on peut retrouver des officiers amoraux dans les rangs de la Nouvelle République, des avis profondément divergents au sein de l’Ordre Jedi, et globalement une défiance des populations vis à vis de leurs gouvernements quels qu’ils soient. Un aspect réaliste qui contribue à donner de la profondeur au lore.

En savoir plus…

Pour en savoir plus sur la guerre contre les Yuuhzhan Vong, et en particulier les évènements autour de SWI :

Voyages dans la galaxie

Star Wars Invasion prend le parti de nous faire vivre des péripéties principalement sur la ligne de front entre la République et les Vong. C’est de cette façon un excellent prétexte pour faire voyage le lecteur dans une galaxie lointaine, très lointaine.

Nous avons ainsi un excellent dosage entre les planètes bien connues des fans (Coruscant la planète capitale ou Yavin IV l’académie Jedi de Skywalker), d’autres moins évidentes (Nar Shaddaa, la lune des contrebandiers) et plusieurs totalement inédites :

  • Artorias est la planète d’origine de la famille régnante Galfridian, d’inspiration vaguement orientale. Climat tempéré à tropical, son peuple est composé de réfugiés des conflits des décennies précédentes, et se compose donc de diverses espéces cohabitant pacifiquement. D’après l’atlas officiel, de Star Wars, Artorias est proche de la planète Sernpidal3, cette dernière étant le point d’entrée principal des Yuuzhan Vong dans la galaxie.
  • Rychel est une planète désertique et aride sur laquelle les Vong ont initié des expériences interdites. Elle est le théâtre d’une bataille impliquant en particulier une escouade de Jedi.
  • Dibrook est une planète irrespirable et inhabitable, autour de laquelle gravite historiquement une station républicaine. Les Vong y installent un yammosk et y mène des expérience sur des prisonniers de guerre.
  • Shramar est une planète sous domination impériale, principalement agricole. Elle sert de refuge au peuple Astorian après l’invasion de leur planète par les Vong.

Nota bene

L’Atlas de Star Wars date de 2009 alors que SWI a été publiée de 2009 à 2011. Conséquence logique : Rychel, Dibrook et Shramar n’y apparaissent pas !

Personnages

SWI étant une œuvre qui s’intercale dans une saga déjà existante (et conclue depuis une décennie), elle fait face à deux difficultés concernant ses personnages :

  • Elle ne peut pas faire appel à des personnage déjà connus des lecteurs, qui n’auraient pas ultérieurement souvenir des évènements contés dans SWI (dans les œuvres suivantes in universe) ;
  • Elle ne peut pas créer de réels enjeux pour des personnages dont le lecteur connaitrais déjà le destin ultérieur.

Dans les deux cas, la solution est plutôt simple : créer de nouveaux personnages, et tel est le cas avec l’introduction de la famille Galfridian ! Pour autant, SWI s’inscrit dans un lore déjà connu et dense. Ainsi, nous croisons le big three dans le premier tome, ainsi que les jumeaux Jaicen et Jaina Solo dans le second. Mais l’on voit bien que Taylor souhaitait développer son propre microcosme inédit avec l’introduction de nombreux nouveau personnages à partir du tome 2, et qui gagnent en importance dans le tome 3…

Les nouveaux

  • Les Galfridian
    • Roi Caleb
    • Reine Nina
    • Prince Finn
      • Prawl4
    • Princesse Kaye
  • Conseiller Dulac
  • Arbeloa
  • Maitre Dray
  • Officier Ogdan
  • Capitain Kopri

Les connus

  • Les Solo
    • Princesse Léia
    • Han
    • Jaicen
    • Jaina
    • Anakin
  • Les Skywalker
    • Maître Luke
    • Mara
  • Lowbacca

Les Vong

  • Commandant Tsavok
  • Commandant Sha’kel
  • Modeleuse Nagme

Dans la plus pure tradition de Star Wars, Invasion est donc une petite saga familiale, ajoutant ainsi les Galfridian aux Skywalker, aux Sunrider, aux Solo, aux Fell ou aux Qel Droma.

Dessins

Globalement, les dessins sont honnêtes sans être sensationnels. A mon sens, ils s’améliorent tome après tome. Si dans le premier, les décors étaient inexistants et les actions déformaient parfois les personnages, le dernier tome propose des compositions vraiment originales, et des scènes de combats impressionnantes.

Le point fort de Wilson sur cette série est à mon sens le charadesign : un soin particulier me semble avoir été apporté aux différents protagonistes, en particulier les enfants Galfridian. Et je retiendrai en premier lieu le personnage de Finn au début de la série : tenue princière d’inspiration orientale, gilet court ouvert, cheveux ondulés, lunettes de soudeur, sabrelaser et droid de compagnie. Un cocktail qui fonctionne particulièrement bien.

Notez que le big three est globalement assez peu reconnaissable. En particulier Luke ! Sur Han, on sent que le dessinateur a essayé de reprendre le visage réaliste de Harisson Ford, avec plus ou moins de succès. Quant à Léia, c’est globalement son charadesign qui permet de facilement l’identifier (robes, taille menue, coiffures élaborées…).

Pourquoi ne pas lire SWI ?

Compte tenu de l’article que vous venez de lire, un tel titre pour une conclusion est surprenant, n’est-ce pas ? Surtout en contrepoint du paragraphe ci-dessus.

Mais tel est le cas : je déconseille la lecture de SWI ! Pourquoi ?

Car la série fut abandonnée en court de route ! Et c’est hélas une information que l’on trouve peu, que ce soit chez les éditeurs, ou même sur les les sites web de fans. De ce fait, les grande majorité des arcs scénaristiques sont laissés en suspens : en particulier le destin de Finn, mais aussi plus généralement la tournure de la guerre dans la Bordure Extérieure. Et nombre de questions posées ne trouvent pas de conclusion :

  • L’histoire de la famille Galfridian, en particulier leur mère (adoptive) ;
  • L’explication des capacités de Kaye (qui ne semblent pas liées à la Force) ;
  • Les motivations (et le passé) de maître Dray, et l’histoire de son holocron ;
  • Les mutations de Finn (et sa capacité à sentir les Vong) ;
  • La nouvelle arme des Yuuzhan Vong développée sur Rychel…

L’on peut raisonnablement supposer que les deux derniers points sont liés (et peut-être également liés au premier et deuxième). La nouvelle arme mise au point par les modeleurs, en particulier dans le tome 2, semble être liée à la Force : il pourrait donc s’agit de quelque chose permettant de relier les Yuuzhan Vong et les pouvoirs Jedi… Quelque chose, ou quelqu’un.

Quoi qu’il en soit, la saga n’a pas du tout de conclusion et se termine sur un Cliffhanger éternel. Enorme déception doublé de frustration pour moi. D’autant que l’histoire n’aura jamais de conclusion, pas même dans d’autres médias.

A suivre dans un album… qui n’existe pas !

  1. Je l’ai lu il y a très très longtemps.[]
  2. La caste dirigeante varie en fonction des besoins rencontrés par les Vongs : guerriers, prêtres, modeleurs (ingénieurs), ouvriers, intendants, humiliés…[]
  3. Bien que non représentée sur la carte.[]
  4. Finn est effectivement accompagné en permanence par un droid flottant, qu’il contrôle au moyen de lunettes, un peu à la manière de la prothèse cranienne de Lobot, assistant de Lando Calrissian dans l’Empire Contre-attaque.[]

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