Où le regard ne porte pas #1

Barellito. 1910. William est un jeune anglais. Fraichement débarqué avec ses parents et sa jeune soeur. Son père Alex, éternel optimiste, ambitionne de se lancer dans la pêche au chalutier depuis que la petite famille londonienne a hérité d’une vieille maison dans ce village italien reculé. Mais les pécheurs locaux ne voient pas cela d’un bon oeil, et les étrangers sont loin d’y être les bienvenus…

Toutefois, ces considérations d’adultes échappent à William (le naïf) qui fait bientôt connaissance de la l’énigmatique Lisa (le mystère), autre enfant du village. Avec Paolo (le sanguin) et Nino (le bonhomme), ils constatent bientôt un phénomène troublant: tous les quatre sont nés le même jour ! La joyeuse bande ainsi constituée vis toutefois dans l’insouciance, parfois entrecoupée d’étranges visions en fumant des herbes, au coin du feu tard dans la nuit…

Et tandis que le temps passe tranquillement, et que les projets d’Alex se concrétisent, une tragédie sourde et diffuse semble se dessiner…

J’ai découvert ce diptyque il y a longtemps, lors d’un voyage à l’autre bout du monde. L’ayant beaucoup apprécié, je me l’étais acheté (et l’avais donc probablement relu à cette occasion) il y a une 15aine d’année. Et puis… je n’en ai pas gardé beaucoup de souvenirs, sinon que la lecture de ces deux albums était très agréable. Aussi m’y suis-je replongé récemment avec plaisir, et je vous en livre donc une rapide critique…

Narré dans des cartouches rédigés à la première personne (principalement par le petit William, mais pas toujours), le récit est en réalité plutôt avare en mots ! Mettant l’accent sur les dessins, vignettes, paysages, actions et postures des personnages, l’histoire qui nous est racontée passe beaucoup plus par le silence que par le discours… et cela fonctionne à merveille ! Les émotions se transmettent à merveille sans mot. Et nous suivons avec grand plaisir le quotidien de cette joyeuse bande de gamins dans l’Italie côtière du début du XXième siècle. Plutôt simple et à prendre au premier degré, l’histoire effleure pourtant le fantastique. En particulier les 4 compagnons se retrouvent périodiquement à fumer des herbes plus ou moins hallucinogènes au coin du feu, en présence d’un étrange objet, et se retrouvent projetés dans des rêves et illusions troublantes…

Quelques dialogues viennent néanmoins ponctuer des vignettes (parfois même des pages entières) muettes ; ceux-ci sont généralement fluide, naturels et efficaces.

Les dessins sont plutôt simples, mais pas simplistes ! Le charadesign des personnages est parfaitement réussi, les rendant largement reconnaissables, y compris les protagonistes les plus secondaires. Si les gamins sont dessinés de façon presque cartoonesques, les adultes sont eux plutôt réalistes ; et les panoramas invitent souvent à la rêverie (un thème finalement assez sous-jacent à cet album). Les couleurs employées sont à majorité des nuances douces de beige et de bleu, à l’image de la couverture, pour joliment souligner les rivages secs et méditerranéens qui servent de décors.

Les compositions sont au coeur de l’album, et l’assemblage des vignettes, leurs formes et leurs découpages parlent à la place des personnages. Les auteurs n’hésitent pas à distordre les cases en les allongeant démesurément, tout en assurant une parfaite lisibilité, s’appuyant sur toutes les possibilités que peut offrir le média de la BD. L’expérience de lecture, sans être bousculée, et en tout à fait notable !

Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce premier album, où le silence des cases nous permet de suivre les péripéties douces et nimbées de mystères de cette petite bande de gamins attachants, qui débouchent sur un climax poignant et un triple cliffhanger (les destins de William, de Lisa, et l’évocation d’un cinquième).

Notes

Scenario : 7 / 10
Dessin : 8 / 10
Ambiance : 10 / 10
Note moyenne : 8.3 / 10

En savoir plus sur l'album...

Album : Où le regard ne porte pas

Type de BD :

Editeur :

Parution : janvier 2004

Lien : Site officiel

Taille : 96 pages

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