Dans ce premier tome, nous découvrons Imbattable, un super-héros franco-belge unique en son genre. Avec ses pouvoirs incroyables qui transcendent les cases de la bande dessinée, il déjoue les lois de la physique et de la narration pour venir à bout des menaces absurdes qui pèsent sur sa ville. Entre un savant fou, un maire corrompu et des quiproquos hilarants, chaque page est un petite casse-tête visuel et narratif.

L’album propose une successions d’historiettes tenant entre 1 et 5 ou 6 planches, volontairement absurdes, qui sont à la fois la force et la faiblesse de l’album. Si l’idée d’un héros jouant avec les limites du médium BD est originale, l’absence d’un véritable contexte1 ou d’une origin story pour Imbattable peut frustrer certains lecteurs (quand bien même ceux-ci pourraient également être absurdes et/ou humoristiques). Les aventures reposent sur des situations cocasses et des jeux de mise en page et le fond reste léger ; mais ce qui pourrait donner une impression de répétitivité au fil des pages parvient toutefois à bien se renouveler au fil de l’album. Des idées comme l’arme du savant fou montrent un vrai potentiel narratif : capable détruire physiquement des pages qui sont, de ce fait, rebellent amputée 2, les strips et vignettes fusionnent créant des gags visuels inédits.
Rendant hommage au parti pris de la BD, qui est donc de déchirer la causalité, peut-être aurez-vous noté que cette critique du tome 1 arrive après celle du tome #2 ! De ce fait, nous retrouvons découvrons pépé Cochonnet, Toudi3, le Savant Fou, ainsi que le très bon Plaisantin (et leur ribambelle de pouvoirs également lié sà la nature de la BD). L’on notera aussi l’humour au service de la narration : Imbattable utilise un téléphone ou la lecture d’un livre pour s’assurer que la vignette suivante montrera un lieu différent, lui permettant ainsi de s’y téléporter. Une belle trouvaille.
Le style graphique est résolument en ligne claire. Les compositions des planches, particulièrement travaillées, sont clairement pensées pour mettre en valeur les pouvoirs d’Imbattable. Par exemple, les sauts d’une case à l’autre ou les gags liés à la gravité brisent les codes traditionnels de lecture, créant des moments parfois jubilatoires.

Ce premier tome d’Imbattable est une vraie curiosité pour les amateurs de bande dessinée. Les compositions sont souvent audacieuses (concept oblige) et les gags visuels méritent qu’on s’y attarde.
- La ville d’Imbattable n’a (volontairement ?) pas de nom, bien que certains de ses citoyens nous soient présentés, comme le maire, la PDG ou le commandant Jean-Pierre.[↑]
- Notons le petit risque éditorial pris par Dupuis, avec ces pages tronquées ou encore les pages prolongées du tome #2.[↑]
- Dont j’ai tardivement compris le nom : Toudi = 2D. En lien avec son pouvoir de défier la perspective.[↑]