Editée chez Urban comics, la série « Batman Arkham » rassemble différents tomes, chacun centré sur l’un des supervilains emblématiques du Chevalier Noir. Chaque album est ainsi une anthologie, permettant de revenir aux premières apparition du personnages (généralement dans la première moitié du XXème siècle), puis de prolonger sa découverte jusqu’à ses itérations les plus récentes.
Comme son nom l’indique, le présent ouvrage permet de suivre le Dr Pamela Isley, alias Poison Ivy, méchante emblématique de l’univers de Batman. Mi-humaine, mi-végétale, la sculpturale supervilaine peut imposer sa volonté à tous les hommes au moyen de phéromones que son corps produit. Immunisée contre tous les poisons, elle est elle-même capable d’en synthétiser une immense variété. Botaniste de génie, elle maitrise la science de l’hybridation entre matières animales et végétales, mais est également capable de commander (au moins partiellement) à la végétation qui l’entoure.
Récit aprés récit…
Prenez garde à Poison Ivy
Première apparition de Poison Ivy, nous sommes alors en plein Age d’Argent des comics, pour un scénario et des péripéties désuets et assez peu crédibles, qui font le charme des comics de l’époque à mon goût.
Pavane
Nous suivons ici le point de vue d’un flic confronté à une Poison Ivy déjà enfermée à l’Asile d’Arkham. Cherchant à la comprendre, dessiner ses origines et ses motivations, il est surtout troublé par le charme de la belle empoisonneuse. Pas vraiment de narration ici, mais plus une plongée réussie (signée Neil Gaiman) dans l’atmosphère qui entoure le personnage vénéneux d’Ivy, portée par une ambiance noire assez typique des années 80.
Effet de serre (partie 1 & 2)
Ce troisième récit, subdivisé en chapitres courts (quelques pages) nous présente une Poison Ivy soignée et repentie, néanmoins mêlée au suicide d’un professeur d’université. Batman va ainsi mener l’enquête, dans le milieu de la Recherche qui n’est vraisemblablement pas épargné par la mafia et les gangsters. Mais que penser de la troublante Ivy : honnête ou manipulatrice ? Avec des dessins qui sentent bon les années 90 (vaguement réalistes, mais aux aplats de couleurs criardes) et un scénario artificiellement tricoté pour une conclusion attendue, ce récit se lit sans déplaisir, mais ne marquera pas le lecteur… sauf peut-être sur ces dernières pages psychédéliques ?
Année un
C’est avec un plaisir surpris que nous retrouvons un trés jeune Batman, comme l’indique clairement le titre (même si celui-ci ne doit pas être confondu avec le célébrissime récit de Franck Miller évoqué ici et là). Néanmoins, même si le récit bénéficie d’un dessin de plus en plus actuel et agréable, le scénario est extrêmement convenu, et c’est dommage. Une petite mention spéciale toutefois aux passage où l’on suit Bruce Wayne en tant que civil, que j’apprécie toujours. L’on notera également des allusion amusante à la toute première apparition de Poison Ivy (premier récit de cette anthologie, ci-dessus).
La loi de la Jungle
Alors qu’elle vivait une retraite paisible sur une île oubliée d’amérique du sud, le coin de paradis d’Ivy est pris pour cible par des terroristes, avides de tester leurs nouvelles armes incendiaires. Rendu folle de rage, la belle Empoisonneuse revient à Gotham et entend se venger des fautifs de la pire des manières. Mais justice et vengeance ne vont pas de pair, et Batman est là pour le lui rappeler… Un recit qui, s’il est classique, parvient a être efficace voire touchant, dans son traitement des personnages, principaux et secondaires, en leur donnant un vrai relief et des motivations crédibles. Ici, Ivy perd son rôle de pure méchante, pour endosser un habit plus subtil d’antiheroine en quête de vengeance ; tandis que Batman en bon détective, suit avec peine sa trace et tente d’en comprendre le sens. L’ensemble est servi par des dessins de très bon niveau. Un plaisir.
Fruit de la passion
Très court recit, anecdotique, qui revient sur l’obsession de Poison Ivy pour Batman, déjà évoquée dans les récits precedents. Les dessins ne m’ont pas plus séduits que le scénario simpliste.
Le pari
Harley Quinn et Poison Ivy enfermées à l’asile d’Arkham, parient sur celle qui « embrassera le plus de mecs ». Tout est dit. Une historiette courte qui contient un grand nombre de situations plus que gênantes à lire. C’est nul ; même si c’est signé Paul Dini et que ça se déroule dans l’univers de la célèbre série animée de 1992.
Entre l’arbre et l’écorce
Un récit un poil plus long que les précédents, mais la belle Empoisonneuse n’est ici qu’une antagoniste sans grands intérêt, sinon pour servir de moteur narratif à une courte intrigue centrée sur la relation entre Robin (Tim Drake) et Batman. Présenté ainsi, hors contexte, elle ne présente pas d’intérêt…
L’ombre d’un doute
Un nouveau milliardaire entreprend la construction d’une gigantesque tour en plein centre de Gotham. Une tour tellement immense qu’elle projette une ombre angoissante sur une bonne partie de la ville, jusqu’à la cellule d’une Poison Ivy désormais repentie… Un récit que j’ai trouvé un peu long, mais qui appuie volontairement sur l’aspect contemplatif (parfois même abstrait) des dessins, qui ne feront clairement pas l’unanimité. Il n’en reste pas moins une jolie performance artistique pour un scénario plutôt simple.
Déflorée
Cette petite histoire, étonnamment narrée par le Joker, suit Ivy aux prise avec des industriels responsables de la destruction d’un écosystème. Rien de bien original, surtout dans la présente anthologie, sinon de somptueux dessins modernes et une narration très adultes, s’appuyant sur la prostitution dans les rues sombres de Gotham, ou sur des expressions assez évocatrices.
La justicière verte
Point de Batman ici, nous suivons exclusivement Ivy dans sa quête de justice vengeance contre une multinationale spécialisée dans les OGM industriels. Une courte histoire percutante, dans laquelle il est impossible de donner complètement tort à Poison Ivy, et servie par de magnifiques dessins.
Avis général
A la fermeture de cet ouvrage, je dois reconnaitre que j’apprécie beaucoup les anthologies de comics, qui nous font explorer un aspect des BDs américaines, souvent sur prés d’un siècle de durée, tout en sélectionnant des histoire marquantes ou emblématiques. Ainsi, j’ai pris du plaisir à lire cet opus de Batman Arkham, même si je regrette de ne pas avoir eu un petit édito permettant de recontextualisé chaque récit.
Et pour en revenir au personnage principal, c’était une méchante que j’appréciais sans forcément très bien la connaitre. Et je n’ai pas été déçu. L’on notera l’évolution dans son traitement, notamment sa capacité de manipulation des hommes (présente dés le départ) mais aussi son lien avec les plantes (trés flou au départ, et de plus en plus exploité, à bon escient).