A l’heure de l’embauche, le terrible Killer Croc s’en prend à une célèbre banque de Gotham, mobilisant ainsi les forces de police ainsi que Batman. Mais il s’agit en réalité d’un leurre : car à l’autre bout le la ville, avec l’aide de Catwoman, le Sphinx parvient à dérober avec force d’astuces un mystérieux coffret. Celui-ci deviendra ainsi l’objet de nombreuses convoitises : le pingouin qui réclame sa part du butin, son mystérieux homme de main qui se fait appeler « l’Aide », mais aussi les forces gouvernementales, le commenditaire initial du casse… et bien sûr le Chevalier Noir lui-même. Une course poursuite qui s’annonce périlleuse…
Cet album de Batman avait plusieurs très bons arguments :
- Un récit en one-shot
- Une histoire de braquage, loin de considérations cosmologiques dans lesquels se perdent parfois les comics
- Une mise en avant du Sphinx, personnage que j’apprécie particulièrement
- Le très bon Tom King aux commandes
- Un chapitrage assumé (6 issues) permettant de découper et rythmer le récit
Et pourtant, le concert des critiques était assez mitigé, et force est de constater que ma voix ne pourra que s’y mêler…
Le scénario est paradoxalement plutôt simple (ç’en est presque décevant) mais artificiellement compliqué par trois artifices de narration… Tout d’abord, King use énormément de cartouches explicatifs, permettant au lecteur de « zoomer » sur d’innombrables personnages et ses actions plus ou moins anecdotiques. Globalement, chaque cartouche suit la même construction : « A telle heure précise, à tel endroit, untel à fait ceci… Les conséquences sont celles-là…« . Mais étonnamment, j’ai plutôt apprécié cette narration répétitive, qui donne beaucoup de corps à l’histoire (et m’a un peu fait penser à One Dark Knight). Ensuite, le récit principal n’est absolument pas linéaire, alternant les nombreux sauts dans le temps, parfois de quelques heures, parfois de quelques mois. Si l’idée n’est pas mauvaise en soit, elle n’apporte pas grand chose, sinon de la confusion inutile lorsqu’elle est couplée au point précédent. Enfin, si j’ai mentionné un récit principal, c’est qu’il y en a un secondaire : celui des origines du mystérieux objet dérobé. Néanmoins, celles-ci n’apportent aucun éclairage, et s’annoncent même plutôt décevantes 1 et ajoutent à la confusion du point précédent.
A cela s’ajoute (à mon sens) une porosité gênante entre les identités civiles des personnages (Selina Kyle, Bruce Wayne…) et leurs alter ego (Catwoman, Batman…). Cela est souligné par le fait que le propriétaire initial du MacGuffin n’est autre que Bruce Wayne. J’ai employé ce terme a dessein, car clairement, l’objet n’a pas d’intérêt en lui-même, et sert avant tout de moteur à l’album.
Dernière remarque : le suremploi de caractère spéciaux pour signifier les insultes dans les bulles de dialogues. C’est une caractéristiques qui revient souvent dans les critiques négatives de l’album. Pour ma part, je n’en ai pas particulièrement été gêné et cela m’a rappelé (avec plaisir) la façon de faire de Don Rosa.
En contre-poids, soulignons en revanche l’excellent travail de Marquez, dont les illustrations sont globalement irréprochables. Usant de compositions rhétoriques efficaces, aucune ne m’a notablement marqué. Mais certaines vignettes travaillées (particulièrement celles mettant Batman en scène) sont notables. Le charadesign du Sphinx m’a également plut, entre jeunesse et machiavélisme.
En conclusion, un album plutôt décevant. Mais à sa décharge, je ne l’ai pas lu dans de bonnes conditions (long voyage et cumul de fatigue) aussi lui redonnerai-je sans doute sa chance un jour.
- Pour ne pas dire carrément lacunaires. Clairement, je n’y ai rien compris ![↑]