Lady Remmington, Miss Winschester et Mam’zelle Gatling portent bien leurs noms : adeptes de gros calibres, de dynamites, et de quelques enchantements, ces trois braqueuses se sont faites une réputation dans ce Paris fantastique du début du XXième siècle. Missionnées par un riche satyre, leur mission du jour est de dérober un mystérieux objet magique bien à l’abri d’une banque ; et bien sûr, elles pourront largement se servir dans le coffre. Tout semble aller pour le mieux, mais au moment de remettre le fruit de leur larcin à leur commanditaire, une fusillade éclate, tuant ce dernier et blessant gravement l’une d’entre elles. Contrainte de fuir sans comprendre ce qu’il vient de se produire, les Artilleuses ne sont qu’au début de leur enquête. Une enquête qui semble impliquer de nombreuses forces, magiques ou non…
J’avais été séduit par le pitch de départ avant même d’ouvrir cet album : une histoire de braqueuses dans un Paris d’il y a 100 ans à la sauce fantasy… Et la lecture de ce premier tome ne m’a vraiment pas déçu. Les péripéties s’enchaine à un rythme effréné, mais suivant un cheminement logique et plaisant à suivre. Seul la scène finale bénéficie d’une facilité scénaristique un peu dommageable. Les personnages sont attachant(e)s, notre trio de cambrioleuses sans subtilité en tête. Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste, entre le mécano malin, le vieux flic briscard des Brigades du Tigre, les inquiétants services secrets allemands… Et bien sûr, la fameuse sigillaire attise autant les convoitises des protagonistes, que la curiosité du lecteur (en espérant qu’il ne s’agisse pas d’un simple MacGuffin).
L’univers du Paris des Merveille est extrêmement riche, et le scénariste n’hésite pas à développer un grand nombre de personnages et de factions, tout en gardant l’ensemble compréhensible afin d’assurer (je suppose) une narration complète sur trois albums de 50 pages. L’ambiance générale qui se dégage de l’album est proprement géniale, subtil équilibre d’éléments historiques et imaginaires (dans tous les sens du terme), le tout saupoudré de steampunk. A ce propos, certaines cases présentent de petites allusions, ou de minuscules clin d’œil rappelant la nature de cet univers fantastique…
…mais pas toutes ! Et certaines vignettes présentent au contraire un arrière plan vide, ou monochrome, ce qui est bien dommage. Surtout quand la vignette précédente fourmillait de détails. Le dessin est globalement très plaisant. Les protagonistes disposent d’un charadesign clair et reconnaissable, servi par un style vaguement cartoonesque qui ne se prend pas au sérieux, et n’est pas sans rappeler Lanfeust de Troy. Les actions sont tout à fait lisibles. En revanche, le découpage et la composition ne m’ont pas toujours semblé cohérents. Et l’agencement et les forme des vignettes m’a surtout donné l’impression de répondre à des problématique de remplissage de pages, plutôtqu’à servir la narration.
En conclusion, un excellent tome… d’introduction !