Grievous : dissidence Jedi et tragédie programmée

Le Côté Obscur, tome 4 : Le Général Grievous

Alors qu’il assiste au meurtre de son maître Jedi lors d’une bataille contre le général Grievous, le padawan Flynn Kybo se sent investi d’une mission : tuer ce dernier. Échouant à convaincre le Conseil Jedi de commettre un assassinat, il rassemble malgré tout quelques renégats et des alliés sensibles à la Force pour mener à bien ce qu’il estime être un acte nécessaire… et pourtant interdit.

Nouveau tome de l’anthologie du Coté Obscur après celui sur Dark Vador, j’ai fait l’acquisition de celui-ci un peu par hasard, espérant y trouver (au moins en partie) l’origin story du personnage de Grievous, que je n’affectionne pourtant pas particulièrement dans la mythologie Star Wars.

Ce one-shot situé peu avant le film La Revanche des Sith propose une lecture intrigante de l’univers Star Wars en inversant certains codes établis : ici, ce sont des dissidents pro-républicains qui s’opposent aux séparatistes, tandis que des Jedi se détournent du Conseil sans pour autant céder au Côté Obscur1 !

« Si nous réussissons, l’ordre Jedi n’acceptera plus jamais de nous reprendre. Et si nous échouons, personne ne portera notre deuil. »

Maitre Tone

Le scénario déroule une trame simple mais tragique. Le lecteur sait d’entrée que Grievous survivra — et les héros secondaires, inédits, sont de toute évidence condamnés. Ce caractère inexorable pourrait renforcer le pathos, mais la narration ne parvient pas vraiment à transformer cette fatalité en puissance dramatique. Pire, certaines facilités affaiblissent la tension : alliances précipitées, résolution hâtive de certaines étapes, et une fin dont l’issue laisse perplexe (Grievous est laissé en vie, sans justification).

Le général Grievous domine l’album de sa présence sinistre. Peu loquace mais constamment évoqué, il incarne une terreur mécanique évoquant le premier Terminator d’Hollywood. Sa cruauté méthodique et son obsession pour les sabres-lasers des Jedi tués en font une préfiguration glaçante de ce que sera l’Empire de Palpatine : froid, utilitariste, meurtrier, manipulateur, raciste.

La suggestion qu’il soit être sensible au Côté Obscur de la Force — voire qu’il cherche à ré-expérimenter sa transformation en cyborg sur de jeunes padawans — ajoute une couche de noirceur fascinante au personnage, bien plus développée ici que dans le film Star Wars Episode III2.

Le récit ose introduire des Jedi en désaccord avec le Conseil, sans que cela ne soit assimilé à une chute vers le mal (chose rare bien que déjà vue avec le très bon personnage de Quinlan Vos dans Clone Wars). Le maître Tone ou la padawan Codi, figures toutefois secondaires, incarnent une autre voie avec Kybo : celle du devoir moral contre l’autorité aveugle.

Graphiquement, l’album souffre d’un style inégal. Si certains personnages sont reconnaissables, d’autres (comme Yoda) sont visuellement ratés. La couverture, peu attrayante, ne rend pas justice au propos sombre du récit. L’ensemble demeure lisible mais manque d’identité graphique.

Rappelons que dans la lignée de l’édition Hachette, l’on retrouve en fin d’album des annexes toujours très intéressantes (même si parfois un peu redondantes) permettant de prolonger l’immersion :

Je regrette finalement l’absence totale d’origin story pour Grievous ; mais le récit reste toutefois de qualité, sombre et fataliste, sans laisser un souvenir impérisable.

  1. Cette tension morale, bien qu’esquissée, reste sous-exploitée[]
  2. Un point que j’ai toujours regretté dans ce film ![]

En savoir plus sur l'album...

Série : Le Côté Obscur

Album : tome 4 : Le Général Grievous
(Histoire indépendante)

Type de BD :

Editeur :

Collection :

Parution : septembre 2005

Taille : 90 pages

Contenu : Star Wars General Grievous : #1 à #4

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