La mystérieuse société secrète de la Cour des Hiboux à été débusquée par Batman. Acculée, elle décide de lancer ses « ergots » (des tueurs surentrainés et presque indestructibles) à travers toute la ville, afin d’accomplir une série d’assassinats des personnalités les plus influentes et progressistes de Gotham. L’un d’entre eux est évidement Bruce Wayne ; et rapidement, les ergots envahissent la Batcave… Le Chevalier Noir parviendra-t-il à contenir le désastre annoncé de cette Nuit des Hiboux ?
Suite directe de l’excellent tome précédent, nous basculons de l’enquête poussée teintée d’histoire et d’angoisse, à de l’action pure et dure qui constitue l’essentiel de cet album. Celui-ci se lit ainsi nettement plus vite, d’autant que l’arc scénaristique principal se termine environ à sa moitié, tandis que la seconde moitié de l’opus contient 3 récits complémentaires sur lesquels je reviens plus bas.
Suite et fin
Laissant place aux scènes d’action, de course-poursuite et de combats, le scénario de cette seconde partie du diptyque des hiboux est nettement en retrait (et je le regrette un peu). En outre, certains aspects du récits sont assez étonnants. Par exemple, pourquoi la Cour envoie-t-elle une armée d’ergots tuer Bruce Wayne en particulier, sans savoir qu’il est Batman ? Inversement, lorsque les ergots ont envahi la Batcave, il semble excessivement peu probable que le Chevalier Noir puisse garder son anonymat… Enfin, l’introduction du personnage de Owlman est assez maladroite, artificielle et peu crédible.
Même si l’idée n’est fondamentalement pas mauvaise, l’introduction de ce dernier est trop verbeuse, au cours d’un chapitre qui mélange maladroitement action et longue exposition, dans un cocktail un peu indigeste. Cela aurait sans doute valu le coup de préparer son introduction plus tôt dans le récit et/ou d’ajouter un chapitre. L’ensemble est finalement beaucoup trop vite expédié, même si deux portes sont laissées ouvertes : sa mort (peu probable dans un comics) et son origine (laissée volontairement incertaine).
A l’inverse, j’ai apprécié la manière dont Snyder détourne un peu les lois de l’univers de Batman. Ce dernier ne peut pas faire usage d’armes létales, car il a prêté serment de ne jamais tuer… mais les ergots sont déjà morts, et réanimés ! Ainsi, le Chevalier Noir peut se lâcher ; et il n’hésite pas !
Dessins à géométrie variable
Les dessins de Capullo restent de très très bonne factures, même s’il passe le pinceau à Albuquerque au détour de la troisième issue, pour un résultat qui n’est pas mauvais, mais très étonnant ! Voyez la différence de graphisme, d’une page à l’autre (littéralement), pour la même armure de Batman1.
Pour autant, je reste très fan des dessins de manière générale. Le découpage est dynamique. Les nombreuses scènes d’action sont parfaitement lisibles. Le design des costumes (qui peuvent allègrement frôler le ridicule chez les superhéros) est maitrisé et inspiré, en particulier ceux des ergots. Je garderai également en mémoire la double-page d’appel à l’aide d’Alfred depuis l’ordinateur de la Batcave assiégée (voir plus haut).
Trois récits complémentaires
La Chute de la maison Wayne
Un issue centré sur Jarvis Pennyworth, (le père d’Alfred, déjà au service de la famille Wayne) qui nous donne un point de vue tout à fait pertinent sur l’accident de Martha Wayne. Evoqué au cours du récit principal, il est ici repris au travers d’une narration non-linéaire, et à la première personne.
Une très bonne histoire, intelligente, sombre, inquiétante, tragique, servie par de somptueux dessins, et parfaitement complémentaire du récit principal !
Premières neiges
Je ne reviendrai pas sur ce récit également présent dans Batman Arkham : Mister Freeze, sinon pour dire qu’il est bon, quoique relativement disjoint du récit principal.
L’esprit dans la machine
Ce dernier chapitre « bonus » suit Harper et Collen Row, deux orphelins des Narrows (les bas quartiers de Gotham). Tandis que le second est régulièrement battu par les zonards locaux à cause de son homosexualité, Harper tente d’assurer leur survie grace à un emploi à la mairie de Gotham. Ses missions : maintenir le tentaculaire et vieillissant réseau électrique de la métropole.
Mais elle va finir par découvrir d’étranges boites de dérivations ajoutée au réseau de la ville et fabriquée par Wayne Enterprise. Leur fonction est inconnue mais semble corrélée aux apparitions et disparitions du Batman…
Cette dernière issue n’a pour le coup aucun rapport avec les Hiboux, sinon nous présenter le personnage de Harper2, qui intervient assez anecdotiquement à la fin du tome précédent. Pour autant, ce dernier chapitre reste plaisant, et redescend à une échelle humaine, après de dantesques affrontement entre les hiboux et la chauve-souris.
Conclusion
Si la qualité de ce second opus est nettement en deçà de son prédécesseur, ce diptyque des hiboux reste un excellent récit dans l’univers du Chevalier Noir. Il permet au néophyte d’y entrer, tout en proposant une enquête intelligente et en introduisant un nouvel ennemi excessivement dangereux, puissant et protéiforme.
A lire absolument !