Humains sous assistance dans Renaissance #2

Renaissance, tome 2 : Interzones

Garantie sans spoiler

L’article ci-dessous ne contient aucun spoiler, même mineur.

Le Complexe, une fédération d’aliens, a lancé l’opération Renaissance sur Terre, visant à sauver les êtres humains d’une extinction prochaine.

Tandis que Liz et Swänn enquêtent sur la disparition de la famille de la première dans leur fuite, Hélène et le docteur Sätie remontent la piste d’une mystérieuse épidémie qui ravage l’Europe. Et son origine pourrait bien ne pas être naturelle…

Un récit fragmenté mais immersif

Avec Interzones, le deuxième tome de Renaissance, Fred Duval poursuit son exploration d’une humanité au bord du gouffre, oscillant entre résignation et résistance face à l’aide extraterrestre. Ce volume s’articule autour de deux arcs narratifs distincts : l’enquête de Liz et Swänn au Texas, toujours hanté par les feux, et celle de Sätie et Hélène, confrontées à une épidémie dont l’origine reste incertaine.

Si le récit continue de poser des questions pertinentes sur la souveraineté et la survie d’une espèce en crise, certains éléments scénaristiques souffrent d’un manque de crédibilité, en particulier l’introduction de mystérieux algorithmes1 dans l’enquête sur l’épidémie, qui semble précipitée et peu maitrisée. De même, l’interzones, qui donne son titre à l’album, reste un concept nébuleux, nécessaire aux sauts quantiques des aliens mais difficile à appréhender2.

Néanmoins, l’univers reste fascinant, et la tension dramatique fonctionne grâce à des protagonistes bien campés. Liz et Swänn forment un duo d’amour-haine efficace, tiraillé entre devoir et quête personnelle, tandis que l’opposition entre la rationalité des Näkans et l’émotivité humaine continue d’alimenter des conflits intéressants dans la lignée du premier tome.

Une direction artistique toujours impressionnante

Si la direction artistique d’Emem et Fred Blanchard conserve une qualité indéniable, ce deuxième tome se distingue par un travail particulièrement ambitieux sur la mise en scène des environnements extraterrestres. La représentation de l’assemblée du Complexe, avec sa géométrie presque absurde, constitue l’un des moments forts de l’album.

Plusieurs double-planches sont saisissantes, notamment celle qui illustre justement cette assemblée décisionnaire en plein débat sur l’avenir de l’opération Renaissance. Le design des technologies aliens de manière générale reste l’un des points forts de la série, avec des vaisseaux et des structures qui marient crédibilité et gigantisme.

Néanmoins, le charadesign des Näkans eux-même est hélàs assez générique. Il est dommage que leur différenciation passe essentiellement par leur comportement et leur philosophie, alors qu’un parti pris esthétique plus audacieux aurait pu renforcer l’immersion. A ce titre, les origames (des consciences gazeuses capables de piloter de petits véhicules aux géométries sans cesse mouvantes3) sont une très bonne trouvaille, bien que sans doute un peu sous-exploitée…

Un propos toujours pertinent

Les thèmes abordés dans Interzones prolongent les réflexions amorcées dans le premier tome : peut-on sauver une civilisation malgré elle ? À quel prix ? L’idée de compensation, avec le prélèvement de ressources pour financer l’effort humanitaire, introduit une ambiguïté morale intéressante. La question en devient même philosophique…

L’opposition entre les partisans et les détracteurs de l’opération Renaissance se précise ; ces premiers sont incarnés par les politiciens extraterrestres Lisä et Mirö, qui offrent une résonance troublante avec des débats bien terrestres sur l’ingérence et l’aide internationale.

L’ambiance générale du tome se teinte d’une mélancolie plus marquée, renforçant le sentiment paradoxal d’urgence et de résignation qui habite les personnages. Le découpage narratif, en éclatant les intrigues, permet de maintenir habilement cette tension, en alternant intelligemment les deux principaux arcs scénaristiques..

Conclusion

Avec ce deuxième volume, Renaissance confirme sa richesse thématique et son ambition visuelle, tout en montrant quelques signes d’essoufflement narratif. Si l’immersion fonctionne toujours, grâce à un univers crédible et une ambiance légèrement oppressante, certaines pistes mériteraient d’être mieux exploitées. Malgré ces menues réserves, la série reste une lecture captivante, portée par une direction artistique toujours aussi inspirée.

  1. Dont le sujet semble mal compris (et mal explicité) par les auteurs, et qui sera probablement peu développé dans la suite…[]
  2. Là, pour le coup, je m’attend à un développement du sujet dans le troisième tome.[]
  3. Et l’on sent que le dessinateur se fait plaisir à jouer avec cette idée ![]

Cette critique est en lien direct avec l'article "Renaissance : Mission humanitaire sur Terre (1/X?)", à paraitre prochainement. Pour ne pas rater sa publication, inscrivez-vous à la newletter !

Notes

Scenario : 6 / 10
Dessin : 6 / 10
Ambiance : 9 / 10
Note moyenne : 7 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : Renaissance

Album : tome 2/6 : Interzones
(Histoire liée au reste de la série)

Type de BD :

Editeur :

Parution : août 2019

Lien : Site officiel

Taille : 54 pages

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