Un faisceau d’indices troublants amène Batman à découvrir l’existence réelle de la légendaire Cour des Hiboux. Popularisée au travers d’une comptine que la plupart des enfants de Gotham City connaissent, elle se révèle être une société secrète multi-séculaire. Rassemblant des membres puissants de la ville, elle agit dans l’ombre depuis des temps immémoriaux. Dotée de moyens colossaux et de mauvaises d’intentions, elle peut compter sur l’Ergot, son assassin personnel aux capacités aussi impressionnantes qu’inquiétantes, dont la dernière mission en date semble être d’assassiner Bruce Wayne…
La « Cour des Hiboux » est un arc scénaristique emblématique, dont la qualité est connue et reconnue. Excellent point d’entrée à qui voudrait découvrir Batman (il m’avait été conseillé par John dans son « top of the bat » au tout début de ma découvert des comics), c’est aussi une trés, trés bonne histoire. Elle est signée Scott Snyder, qui est l’auteur du run de Batman dans son itération « New 52 », et dont cet arc scénaristique est donc la première partie.
Gare à la Cour des Hiboux
Qui d’en haut scrute GothamA tribunal des chouettes
Qui sait tout de nos âmesCar par delà les murs
Il entend chaque motGare à son émissaire
Dont le nom est l’Ergot.
Un scénario magistral
Ce récit fut un réel coup de cœur pour moi, et sa relecture fut tout autant un plaisir. Le scénario est magistral. Il s’ancre dans l’ensemble de la mythologie de Batman, mais aussi dans l’histoire de Gotham City et de la famille Wayne (Alan Wayne, l’aïeul de Bruce avait déjà eu à faire aux Hiboux) leur donnant une légitimité artificielle mais qui fonctionne à la perfection. Nous découvrons au fur et à mesure des implications également dans l’urbanisme de la ville (la tour Wayne…) , mais aussi dans le cirque de naissance de Dick Grayson (Nightwing, le premier Robin). Chacun des 7 chapitres (issue) propose un cliffhanger, si bien qu’il est difficile de lâcher l’album avant de l’avoir terminé.
J’ai noté une légère évolution de ton entre le début de l’intrigue, et les deux seconds tiers. Au départ, l’atmosphère est plutôt légère, avec une page emblématique où l’on voit Bruce entouré de ses trois Robin 1, en civils, à un cocktail. Une scénette familiale touchante.
Il nous est également présenté de nombreux gadgets hi-tech, parmi lesquels je me suis noté :
- Un masque holographique ;
- Des lentilles optiques connectées (permettant la reconnaissance faciale, la détection de mensonge, l’enregistrement…)
- Un scanner à distance ;
- Plétore d’interfaces à base d’hologrammes…
Pourtant, la suite du récit fait très peu usage de ce qui ressemblait pourtant à de nombreux set up : Batman se retrouve rapidement isolé (notamment dans un labyrinthe souterrain) et son matériel ne lui est d’aucune utilité. Changement de ton en cours de récit, ou volonté de décalage ? Difficile à dire.
Plusieurs personnages secondaires sont habilement introduits, comme Lincoln March (candidat à la mairie de Gotham) ainsi que l’Ergot, le bras armé de la Cour des Hiboux, dont le charadesign est tout à fait réussi, tant sur les dialogues très ponctuels que sur le design du costume et des armes !
Un dessin magistral
L’opposition entre Bruce Wayne et Batman se retrouve directement dans les dessins, avec l’utilisation sans surprise de couleurs chaude et lumineuses pour les séquences avec Bruce, et des couleurs froides et sombres pour le Chevalier Noir.
Les dessins en eux-mêmes sont tout à fait réussis, avec des lignes plutôt simples, mais des couleurs qui les subliment et des compositions de toute beauté ! Certaines successions de vignettes ont des formes vraiment originales (exemple : les yeux de Batman, issue 3). Certains enchainements de cases se répondent ou se suivent, alors que leur contenu n’est pas lié (exemple du métro, toujours issue 3).
Nombre de compositions sont savamment anarchiques, avec des multiplications d’inserts de tailles différentes, complexifiant la lecture et transmettant volontairement un sentiment de confusion, de perte, d’interrogation ou de mal-être… L’on a même carrément droit à un retournement des vignettes (obligeant le lecteur à lire l’album à l’envers) afin de transmettre au mieux la perte de repères de Batman lorsqu’il est dans le labyrinthe 2.
Le découpage est parfaitement maitrisé. Dynamique, il rend tout à fait lisibles des combats parfois complexes.
Un album magistral
Vous l’aurez compris, malgré une seconde lecture (et donc une grande diminution de l’effet de surprise), cet album de Batman demeure une pépite, tant pour les adeptes du Chevalier Noir, que pour ceux qui souhaitent le découvrir3.
A lire absolument !
- Dick Grayson le 1erRobin, désormais Nightwing. Tim Drake le 3e Robin, désormais Red Robin. Damian Wayne, l’actuel 4e Robin. [↑]
- Une séquence particulièrement poignante, magnifique et terrifiante, même si l’existence dudit labyrinthe (construit et caché dans les sous-sols de Gotham) semble relativement peu crédible…[↑]
- Un bémol cependant : nous sommes dans l’univers des comics. Il vous faudra accepter que certains très courts passages soientun peu obscurs, notamment l’intervention d’un ou deux personnages inconnus, puisque vous n’avez pas lu l’ensemble des publications DC Comics de l’époque, qui se répondent plus ou moins malgré tout.[↑]