La Genèse des Jedi : aux origines de la Galaxie Star Wars

Il y a peu, j’ai découvert la série en comics de la Genèse des Jedi. Une trilogie plutôt malaimée par les fans, mais qui m’a agréablement surprise (au moins partiellement). Aussi, je vous propose de revenir ci-dessous sur plusieurs de ses aspects.

Placement dans l’Univers Legends

Dans la chronologie complexe de Star Wars, cette Genèse des Jedi est trés simple à placer : elle est au tout début de la chronologie ! En terme de romans ou comics, il n’existe rien avant, et rien après sinon la Légende des Jedi, déjà chroniquée sur le blog et qui se déroule la bagatelle de 20’000 ans plus tard.

La base de données que j’évoquais ici nous apprend également qu’un roman existe, s’intercalant entre les tomes #2 et #3, mais de manière très anecdotique.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la critique de chacun des trois albums composant la série, publiés ces dernières semaines :

• GdJ #1 : il y a trés trés trés longtemps, dans une galaxie lointaine… (publié le 13 novembre 2024)
• Quête de sabreforces dans GdJ #2 (publié le 20 novembre 2024)
• GdJ #3 : Invasion Rakata et chaos stellaire (publié le 27 novembre 2024)

L’ordre Je’daii

Originalité tout à fait notable dans la série de la Genèse des Jedi : les protagonistes principaux ne sont pas des adeptes du côté lumineux ou sombre de la Force, mais assument d’être en équilibre entre les deux. Un choix audacieux, quand on sait que le manichéisme est dans l’ADN de la saga Star Wars. Ainsi, les Je’daii ne doivent pas veiller à éviter le côté opposé de la Force, mais bien à rester équilibré entre ses deux aspects. Outre proposer une approche différente du célèbre pouvoir de cette galaxie lointaine, cela rend également les personnages plus ambigus, un artifice de narration bienvenu !

Le tome #1 de la série expose les différents grades existants chez les Je’daii, voici une petite comparaison :

Le système Tython

Dans la série, un effort particulier est fait pour nous détailler le système planétaire de Tython, demeure des Je’daii et de leurs alliés. Un parti pris pertinent, puisqu’en l’absence d’hyperespace (j’y reviens plus bas), le récit se focalise sur une zone très restreinte de la galaxie.

Ainsi, le système Tython nous est listé de manière exhaustive :

• Solaire
• Mal-Terra
• Nox : la planète des usines et fonderies, abordée dans le tome #2
• Crève-coeur et ses champs de verres et cristaux, également vue dans le tome #2
• La planète centrale Tython, pivot de l’ordre Je’daii (et du tome #1) abritant de nombreux temples et siège de tempêtes de Force
  • Sa lune blanche Ashla
  • Sa lune noire Bogan, servant également de prison et/ou lieu de retraite
• Kalimahr
• Shikaakwa, la planète hors-la-loi, terre natale de la twi’lek Tasha
• Ska Gora, la planète-forêt sur laquelle les rakata établissent une tête de pont dans le tome #3
• Obri, la géante gazeuse
• Mawr, géante gazeuse également
• Porte des furies, la planète aux confins du système

L’atlas de Star Wars évoque l’origine des Jedi et le système Tython, en particulier au tout début de la partie qui y est consacrée à l’histoire galactique. L’on y retrouve notamment une carte positionnant Tython dans le noyau de la galaxie, ainsi que ce que sera l’expansion de la toute jeune République vers la planète Ossus, sanctuaire légendaire des jedi (vu dans le tome #5 de LdJ).

Les rakatas

Parlons maintenant un peu des Rakata, les antagonistes de la série La Genèse des Jedi, trop peu présentés dans la trilogie de comics. Bipèdes humanoïdes aux excroissances oculaires, amphibiens, originaires de la planète Lehon, ils constituent une civilisation dite « légendaire », c’est-à-dire ayant prospéré bien avant la république galactique et l’ordre Jedi que nous connaissons, et donc au delà de l’Histoire de l’Univers Star Wars communément explorée ¹.

Les rakata présentaient la caractéristique notable d’être tous sensibles à la Force ! Ils furent découverts et formé par le peuple Kwa, avant que ceux-ci ne réalisent trop tard la bestialité et la violence de l’espèce des rakata. Se complaisant dans l’utilisation exclusive du côté obscur de la Force, ces derniers mirent au point de nombreuses technologies telles que le vol en hyperespace, de puissant générateurs d’énergie ou encore les sabreforces, tous activés ou alimentés par le Côte Obscur. Les rakata disposaient également d’un génie génétique avancé ², puisque leurs fantassins sont constitués des Déchiqueteurs, une version modifiée de leurs propre espèces, particulièrement brutale et décérébrée.

Violents et vindicatifs, ils se lancèrent à l’assaut de la galaxie, fondant et propageant ainsi leur Empire Infini. Celui-ci repose sur une structure féodale, dans laquelle des prédeurs sont suzerains et vassaux en un complexe système pyramidal. Au bas de la pyramide se retrouvent les esclaves (pouvant également servir de repas ou de générateurs d’énergie pour ceux sensibles à la Force) ainsi donc que les Déchiqueteurs.

Les rakata peuvent également compter sur leur limiers, des esclaves particulièrement sensibles à la Force, élevés dressés pour repérer des mondes riches et puissants dans la Force afin les conquérir et s’en repaitre. Xesh et Trill, protagonistes de la série, sont deux limiers.

Les rakata finirent par disparaitre suite à une combinaison de plusieurs facteurs : quelques défaites guerrière (Korriban, Tython…), une épidémie qui ravagea tout leur empire, une perte progressive et mystérieuse de leur sensibilité à la Force, une révolte massive de leurs esclaves… A l’époque de Luke Skywalker, personne n’a connaissance de cette civilisation totalement éteinte et disparue depuis plus de 20 millénaires.

Les Tho Yor

Les Tho Yor sont des objets uniques et particulièrement atypiques dans l’univers Star Wars. Issus d’une technologie et d’une civilisation inconnues, ce sont initialement des monuments dispersés à travers la Galaxie. Les Tho Yor se révèlent ensuite être de très antiques vaisseaux ; attirants les êtres sensibles à la Forces, ils rassemblent ainsi de nombreux représentants d’espèces très diverses, de planète en planète, pour les amener sur la planète Tython tels des arches. Puis les Tho Yor reprendront un état passif, devenant ainsi de nouveau des monuments et des temples.

Il nous est fait mention de 8 Tho Yor plus un neuvième, plus grand, immobile sur Tython. Cinq d’entre eux proviennent de :

1. Ando Prime
2. Kashyyyk
3. Dathomir
4. Ryloth
5. Manaan

Les Tho Yor se révèleront être de conception Kwa, une race antérieure et partiellement contemporaine des rataka (déjà évoquée plus haut). Sans que nous en sachions réellement plus, il semble s’agir d’une sorte d’expérience à très grande échelle, visant à rassembler de nombreux êtres sensibles à la Force sur Tython. En guise de conclusion à la série, les Tho Yor s’avèreront également être des armes de grande puissance, activable au prix du sacrifice de Tasha, dans un deus ex machina assez regrettable à mon sens.

Soulignons qu’avec les Tho Yor, mais également des espèces légendaires telles que les Kwa et les Rakata, le lore de Star Wars touche du doigts des classiques de la SF qui étaient pourtant inédit dans l’univers de Georges Lucas : les races passées, oubliées, mais dotées d’une avance technologique phénoménale. C’est un thème que l’on retrouve dans de nombreux autres univers : les Goa’uld de Stargate SG1, les Anciens dans Farscape, les Aeldari dans Warhammer 40’000, les Célestes dans Marvel, et plus généralement tout ce qui a trait à l’idée des anciens astronautes.

Dans un lointain passé

Encore plus que la « Légende des Jedi », cette série de la « Genèse des Jedi » nous projette trés loin dans le passé de la galaxie. Et bien que certaines races légendaires (et technologiquement très avancées) nous soient montrés, la plupart des civilisations connues de la galaxie Star Wars en sont encore à leur balbutiements technologiques.

Ainsi, point notable, nous pouvons constater que les peuples du système Tython utilisent des armes à feu en tant qu’armes de poing (projectiles) et non les armes à énergie (blasters) emblématiques de la saga. Autre exemple : l’hyperespace leur est inconnu, et les quelques tentatives d’exploration de la galaxie prennent la forme de vaisseaux dotés de caissons d’hibernation et envoyés depuis la Station des Furies pour tenter de traverser les espaces entre les étoiles.

En ces années -26’000, les sabreforces nous sont présentés comme une technologie rakata, même si leurs limiers (tels que Xesh) en possèdent. Un aspect peut surprendre : nous savons que les anciens sabrelasers sont dotés de batteries externes et filaires, comme on peut le voir dans les premiers tomes de la série Légende des Jedi (-5’000 ans). Et si les Jedi ont probablement ré-inventé les sabreforces (désormais appelés « sabrelasers ») dans les millénaires qui suivirent la disparition des Rakata, les armes de ces derniers avaient néanmoins un défaut majeur : elles tiraient leur énergie du Côté Obscur de la Force (comme beaucoup de technologies Rakata). Ainsi, les sabreforces n’emploie pas de cellule d’énergie externe et ne disposent pas non plus de bouton ; ils s’activent à la volonté de leur utilisateur. Notez que les Je’daii de Tython étant équilibrés entre lumière et obscurité, ils sont ainsi capable d’utiliser un sabreforce par intermittence…

Ajoutons à cela l’introduction de lances de Force, en fait de simple sabreforces dont le manche est particulièrement long, leur donnant effectivement un design de pique. L’on pourra enfin remarquer que les couleurs des sabres et lances sont mauves et jaunes, un choix malin justifié par le fait que nous sommes ici bien loin de l’affrontement habituel de Jedi (lames vertes ou bleues) contre des sith (lames rouges).

La Genèse, vraiment ?

Tout comme cela avait été un peu le cas avec la Légende des Jedi, mon principal regret restera que cette genèse n’en est en fait pas une ! Explorant une époque extrêmement reculée dans le passé du lore de Star Wars, aucun lien n’est fait avec les ordres Jedi ou Sith que nous connaissons. Et si quelques clins d’yeux peuvent être décelés ici ou là, la série ne tient pas sa parole. Alors que la notion d’équilibre entre côtés lumineux et obscur de la Force était intéressante (et plutôt bien exploitée dans les 3 tomes) et pouvant être rompue ou oubliée pour donner ultérieurement le manichéisme des utilisateurs de la Force que nous connaissons bien, la trilogie se termine finalement plutôt sur une sorte de statu quo, sans porte particulièrement ouverte… C’est dommage ! Finalement, nous ne savons toujours pas d’où provient l’ordre Jedi ni qui est à l’origine de la civilisation des Sith (en tant qu’utilisateurs du Côté Obscur)…