LdJ #4 : le Côté Obscur, plus attirant que jamais

La Légende des Jedi, tome 4 : Les Seigneurs des Sith

Synopsis

Après avoir fuit la planète Onderon, les deux jeunes nobles Satal Keto et sa cousine Aleema ont renforcé leur connaissance de la magie Sith et du Côté Obscur de la Force. Ambitieux, mais surtout corrompus et manipulés, ils organisent un coup d’état dans le système de l’impératrice Teta, s’attaquant à leurs propres parents. Dés lors, une dictature y est instaurée, le Krath, guidée par les idéaux des anciens Sith.

Face à ce danger, une force d’intervention est mise en place, alliant les ressources de la République et celle de l’ordre des chevaliers Jedi. Parmi ces derniers, nous retrouvons Ulic Qel-Droma et Nomi Sunrider, missionnés par maître Arca.

Mais une autre menace semble se profiler, en la personne du jeune Jedi Exar Kun, puissant mais bien trop fasciné par les artefacts Sith… Et ne semblant s’astreindre à aucune limite.

Nombreux personnages

Quatrième tome de la Légende des Jedi, j’ai néanmoins eu le sentiment que nous entrions (enfin) dans le coeur du sujet. En effet, les deux premiers tomes étaient en réalité un préquel relativement dispensable tandis que le plutôt bon troisième tome compilait une triple introduction, en prenant le temps de poser ses personnages.

Dans ce 4eme opus, au titre (avouons-le) assez peu inspiré, les personnages se croisent, s’affrontent, se séduisent ou s’entre-tuent dans un récit avec assez peu de temps mort.

Exar Kun…

Pour qui est fan de l’univers Legends de Star Wars1, le nom d’Exar Kun n’est généralement pas inconnu ! Introduit dans la trilogie romanesque de l’Académie Jedi, il était alors présenté comme le spectre extrêmement puissant d’un ancien seigneur Sith, ayant survécu pendant plusieurs millénaires, et s’en prenant à Luke Skywalker et ses tous jeunes padawans. C’est donc avec plaisir et curiosité que nous le découvrons ici en chair et en os en encre et en couleurs, alors qu’il n’est encore qu’une jeune chevalier Jedi ambitieux et torturé.

Guidé par le fantôme de Freedon Nadd (cf. tome précédent), il est surtout introduit à l’héritage de Naga Sadow, seigneur noir des Siths controversé qui nous était présenté au début de la série et finit par échouer sur la lune de Yavin 4. Un lien intéressant2, mais sans doute le seul réel lien avec les deux premiers tomes.

Bénéficiant d’un charadesign soigné, le personnage en impose : cheveux longs et bruns, visage griffé, carrure grande et large, plusieurs scènes de combat soulignent sa dextérité au sabrelaser. Toutefois, ses motivations demeurent assez nébuleuses… ou trés basiques. Succombe-t-il à une simple curiosité malsaine et incontrôlée ? Ou est-il mauvais pas nature, malgré quelques maigres efforts ? Le lecteur devra se faire son propre avis.

…et les autres

En milieu d’album, tandis qu’Exar Kun sombre seul dans le côté obscur au milieu des tombeaux silencieux de la planète Korriban, une foule de Jedi est rassemblée au mont Meru sur la planète Deneba. Le parallèle est intelligemment mis en place, soulignant l’opposition entre la solitude de l’un et la multitude des autres…

Ce quatrième tome brasse en effet de très nombreux personnages, aux rôles plus ou moins importants, et aux motivations variables (bien que jamais très complexes). Signalons que les principaux d’entre eux sont réintroduits en tout début d’album, dans un édito qui détaille leurs hauts faits dans le tome précédent.

L’on retrouve ainsi avec un certain plaisir les frères Qel-Droma, et en particulier Ulic. Mût par la culpabilité de la mort de son maître, il se met en tête de s’introduire parmi les adeptes du côté obscur, afin de les comprendre et les détruire de l’intérieur, quitte à se sacrifier pour cela (ledit sacrifice se révèle d’ailleurs être explicitement inutile, un aspect original que j’ai particulièrement apprécié.)). Une démarche plus intéressante, quoique moins approfondie que celle de Kun. Les destins croisés d’Exar et Ulic sont d’ailleurs bien mis en scène, avec une alternance entre les péripéties de l’un et de l’autre, les deux protagonistes ne se croisant finalement qu’à la toute fin du tome, après un build-up bien dosé.

Mais si Ulic Qel-Droma a choisi le Côté Obscur, il doit rester libre de vivre les conséquences de ce choix. C’est la loi des Jedi.

Nomi Sunrider est également de retour, bien que son personnage soit légèrement en arrière plan, et c’est dommage. Elle apparait désormais comme une experte en méditation guerrière Jedi, et parmi les plus sages des Jedi que nous suivons. L’on notera pourtant un début de romance entre elle et Ulic Qel Droma (sans qu’elle ne devienne elle-même un love interest quelconque, hourra !), qui se trouvera avortée. Là encore, c’est une originalité que l’on ne rencontre qu’assez rarement.

Nous sont également présentés de nombreux autres Jedi, plus ou moins approfondis. En voici un rapide listing non-exhaustif :

  • Maitre Arca, dont les apprentis sont :
    • Cay Qel-Droma
    • Ulic Qel-Droma
    • Tott Doneeta (Jedi animiste)
  • Maitre Thon, dont les apprentis sont :
    • Oss Wilum
    • Nomi Sunrider
  • Dace Diath (pilote Jedi hors-pair)
  • Shoaneb Culu (aveugle mais capable de voir dans la Force)
  • Qrrrl Toq (reptiloïde et armurier3 Jedi)
  • Maître Vodo Siosk Baas, dont les apprentis sont :
    • Crado (félinoïde de la race des cathar)
    • Sylvar (idem, en couple avec Crado)
    • Exar Kun

Cependant, à mon sens, le personnage d’Exar Kun évoqué plus haut monopolise la quasi-totalité de l’intérêt du lecteur. Même si l’arc de Qel-Droma propose quelque chose d’intéressant sur la toute fin du récit.

Vas et viens dans la galaxie

Plus que dans les trois premiers tomes, ce quatrième opus propose de nombreux allers/retours au travers de la galaxie. Sans doute un peu trop à mon goût, rendant les voyage interstellaires et les changements d’environnements presque anecdotiques. En particulier, deux raids distincts sur Cinnagar depuis Ossussont organisés, pour un résultat finalement assez équivalent (et plusieurs dizaines de pages passées).

Terrains connus

Dans le prolongement des tomes précédents, nous retrouvons la planète sauvage d’Onderon et sa lune Dxun, ainsi que le secteur de l’impératrice Teta et son monde principal Cinnagar.

Nous faisons également un rapide détour par la planète Ossus, siège de l’ordre Jedi.

A ces mondes s’ajoute bien sûr la lune de Yavin 4, où Exar Kun poursuit sa chute dans le côté obscur de la Force. Cette planète abritera la célèbre base rebelle visible à la fin du tout premier film, ainsi que l’académie Jedi de Luke Skywalker, quelques années après.

Terra stella incognita

La planète Dantooine est rapidement montrée. Elle n’était que mentionnée dans le premier film Star Wars : la princesse Léia tentait d’envoyer l’Empire sur une fausse piste, indiquant ce monde à Vador comme abritant la base des rebelles.

Korriban est également traversée dans ce 4eme tome. Le monde-mausolée des anciens seigneurs Sith est baigné du côté obscur, si bien que l’on peut se demander pourquoi les Jedi le laissent aussi libre d’accès…?

Enfin, le monde de Deneba nous est introduit, comme une place forte de l’ordre jedi. Le mont Meru, qui s’y trouve, permet ainsi de les convoquer en une assemblée nombreuse.

Notons que d’après l’atlas de l’univers Star Wars, Ossus et Korriban sont paradoxalement assez proches (zone nord-est). Tandis que la planète Deneba est, elle, à l’autre bout de la galaxie connue (sud-est).

Remarque

Les suppléments en fin d’album nous apprennent que que la série était initialement prévue en 12 chapitre, mais fut condensée en cours de route en moitié moins !

Les scénaristes ont donc été contraints de rabouter certains arcs de manière plus ou moins expéditive, expliquant probablement certains retournements un peu faciles, une Nomi peu présente ou quelques voyages inter-stellaires stériles. L’on devine également certains set-up qui ne débouchent sur rien (comme l’introduction des nouveaux chasseurs stellaires jedi, ou l’adjonction des bêtes d’Onderon lors du second raid sur Cinnagar) sans que cela ne gène véritablement la lecture.

Signalons au passage que nous avons donc ici deux scénaristes aux commandes :

  • Kevin J. Anderson signa les trois romans de l »Académie Jedi » (pas les meilleurs, mais loin d’être les plus mauvais) qui introduisait le personnage d’Exar Kun, ainsi que les deux premiers tomes de la présente série LdJ.
  • Tom Veitch poursuit le scénario amorcé dans le tome 3 (précédent), mais il avait également signé le controversé « Empire des Ténèbres », l’un des tous premiers récits de l’univers Star Wars Legends (qui voyait la résurrection de l’Empereur Palpatine grâce au clonage… idée honteusement reprise dans l’épisode IXe de Disney).

Dessins à l’ancienne

Dans la lignée du tome précédent, les dessins apparaissent généralement trés moyens. Nous sommes sur des dessins old school, très marqués par les années 90 et ayant plutôt mal vieillis.

La plupart des décors sont pauvres, dénués de détails, et parfois carrément absents. A l’exception de l’assemblée jedi, la galaxie semble globalement très vide et dépeuplée. Les couleurs sont criardes, vives, souvent en à-plats, et avec une étrange tendance aux nuances de rose un peu partout.

Toutefois, comme déjà évoqué plus haut, les personnages sont globalement réussis, avec des charadesigns inspirés et des costumes plutôt élaborés (et moins fantasques que dans les premiers tomes) qui ne sont pas sans rappeler un style médiéval-fantastique.

Enfin, certaines compositions sont tout de même magnifiques, avec deux exemples ci-dessous :

A gauche, une somptueuse double page que l’on trouve dés le début de l’ouvrage, proposant trois longue vignettes horizontales. Celles-ci nous montrent le désespoir des forces de la république, comme écrasée par les gouttières, tandis que les poings du seigneur noir Sadow soulignent l’usage qu’il fait de la Force. A droite, Exar Kun découvre les anciens tombeaux des Sith sur Korriban, avec une composition soulignant la différence d’échelle entre la frêle silhouette du Jedi et l’écrasante planète-cimetière.

Conclusion

En conclusion, c’est un album plutôt agréable que nous avons là. Pas exempt de défauts, il ravira néanmoins la plupart des fans de l’univers Legends de Star Wars qui s’intéressent au lointain passé de leur galaxie préférée.

Et les questions avancée sur l’inéluctabilité de certains choix que l’on peut faire dans la vie, en exerçant paradoxalement notre libre arbitre, ne sont pas inintéressantes. De quoi alimenter vos méditations réflexions futures…

  1. Et pour l’adolescent que j’étais et qui dévorait les romans Star Wars à la toute fin des années 90[]
  2. C’est même un lien rétroactif, puisque le préquel des tomes 1 et 2 fût publié chronologiquement après les présentes issues.[]
  3. Quoi que cela veuille dire.[]

Cette critique est en lien direct avec l'article Les anciens Jedi : mythes & légendes (partie 1/2) que je vous invite à lire pour obtenir une vision d'ensemble.

Notes

Scenario : 6 / 10
Dessin : 5 / 10
Ambiance : 7 / 10
Note moyenne : 6 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : La Légende des Jedi

Album : tome 4/6 : Les Seigneurs des Sith
(Histoire liée au reste de la série)

Type de BD :

Editeur :

Collection :

Parution : novembre 2016

Taille : 144 pages

Contenu : Star Wars - Tales of the Jedi : Dark lords of the Sith #1 à #6

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