Le Sphinx, et s’il était lui-même une énigme ?

Batman - One Bad Day : Le Sphinx

Edward Nygma est l’un des principaux supervilains de Gotham City. D’une intelligence largement supérieure, il se complait dans les énigmes et les jeux de lesprit.

Mais depuis peu, son comportement est devenu illogique, erratique et meurtrier. Plus étonnant, le maitre des enigmes… n’en pose plus aucune ! La police est terrifiée, aussi Batman doit-il mener l’enquête au plus vite. Une occasion de se plonger dans l’enfance de celui qui deviendra le Sphinx.

Autant commencer par ma conclusion : j’ai été tout à fait conquis par cet opus de la série One Bad Day, qui était d’ailleurs auréolé de bonnes criques. C’est celles-ci qui m’avaient poussé à me l’acheter lors de mon week-end à thème Batman d’il y a quelques mois.

Contrairement aux autres albums de la série chroniqués sur le blog, nous avons ici un récit qui se rapproche assez du concept de base tel qu’il est formulé par DC Comics : raconter la journée où tout à basculé. Dans le cas présent, nous avons une narration en poupées russes (sur deux temporalités) qui nous permet de revenir sur la jeunesse d’Edward, tout en proposant un récit présent qui se déroule dans une Gotham City plutôt ancienne. En effet, l’on sent que Batman et le Sphinx ont déjà plusieurs décennies d’affrontement1 (c’est dit plusieurs fois) et le climax final peut également être vu comme une journée où tout bascule. Notons au passage que nous sommes bien dans un elseworld, ce qui n’enlève absolument rien à la qualité de l’œuvre mais peut légèrement surprendre.

Toutefois, en me tirant dessus, vous avez sérieusement mis à mal mon goût pour la miséricorde.

Batman

Le récit est ainsi mené de main de maitre par Tom King (que j’avais adoré au scénario du dernier comics offert au Batman Day), avec une linéarité décousue, parfois même un peu discontinue, mais jamais confuse. C’aurait de toute façon été difficile dans un one-shot finalement très court d’environ 60 pages. Mais King se permet tout de même de multiplier les points de vue et les narrateurs. Les deux protagonistes principaux, Batman et le Sphinx, se suivent avec un immense plaisir ; un plaisir sans doute décuplé lorsque l’on est habitué à l’univers du Chevalier Noir, et dont on peut apprécier les références ici et là. Et si ce dernier est finalement relativement peu présent, le Sphinx est lui doté d’une personnalité torturée, terrifiante, et génialement intelligente. Un plaisir que de le suivre, non sans quelque frissons devant l’inhumanité dont le personnage fait preuve.

Nota bene

Ce nom de « Sphinx » pour ce supervilain est en fait un privilège des traductions françaises (VF), qui dressent un parallèle artificiel avec la créature mythologique poseuse d’énigmes…

Son nom en version originale (VO) est simplement « The Riddler », que l’on pourrait traduire par le poseur d’énigmes, et qui fut parfois requalifié en Homme Mystère en VF.

Le dessin n’est pas en reste ! Avec des choix forts et assumés, Mitch Gerads ne fera peut-être pas l’unanimité, mais pour ma part j’ai été convaincu ! Le découpage est soigné, tandis qu’il travaille des compositions très régulières, géométriques et répétitive, principalement à base de gaufrier à 9 cases pour les scènes d’action, et des bandes sur toute la largeur de la page pour des scènes plus longues. L’ensemble donne un sentiment de régularité mais également d’étouffement, qui sied parfaitement à l’ambiance du tome.

Les vignettes sont dépourvues de bordure, donnant à l’ensemble un aspect un peu éthéré, tandis que les deux grandes plages de couleur sont le vert (emblème du Sphinx) pour les scènes dans le présent, et le jaune/orangé pour les scènes passées. Les deux couleurs se marient habilement dans certaines pages, quand les deux époques se chevauchent narrativement.

En conclusion, même si j’en attendais beaucoup, j’ai été très agréablement surpris par ce comics, que je ne peux que recommander, malgré les violences physiques et symboliques qui le ponctuent. Et si la connaissance préalable de l’univers de Batman est certainement un plus appréciable, la plongée dans la psyché tortueuse du Sphinx est à mon sens rendue possible pour tout lecteur même occasionnel.

  1. C’est indiqué plusieurs fois. Tantôt directement et avec un peu de maladresse, tantôt plus subtilement en faisant des allusion au divers Robin(s) où au récit « Killing Joke » dont s’inspire cette série « One Bad Day ».[]

Notes

Scenario : 9 / 10
Dessin : 7 / 10
Ambiance : 9 / 10
Note moyenne : 8.3 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : Batman - One Bad Day

Album : Le Sphinx
(Histoire indépendante)

Type de BD :

Editeur :

Collection :

Parution : mars 2023

Lien : Site officiel

Taille : 64 pages

Contenu : Batman - One Bad Day: The Riddler

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