Lucile atteint la fin de ses études de médecine. Ayant plutôt bien réussi ses années de fac, elle est désormais fraichement interne en psychiatrie, plus particulièrement dans le secteur de l’UMD : Unité des Malades Difficiles, pouvant présenter un danger pour eux-mêmes ou pour autrui 1. Dans cet album d’autofiction, la jeune docteure (qui ne veut pas être appelée ainsi) partage son parcours en tant que médecin, mais également ses états d’âme en tant que personne…
L’on peut découper globalement le récit suivant 3 axes qui s’entrecroisent de manière non linéaire et plutôt habile :
- Le premier axe suit la trajectoire de Lucile, depuis ses études avec des descriptions de son cursus de médecine, puis lors de son arrivée dans l’UMD avec découverte de ses collègues (infirmiers, médecins…), les batiments, les procédures et la prise en charge de ses premiers patients. C’est finalement cet axe qui s’avère être la majeure partie de l’album, justifiant son sous-titre ; et malheureusement, c’est celui qui m’a le moins intéressé.
- Plusieurs portions du livre proposent également des apartés sur la psychiatrie, plus ou moins accessibles au néophyte que je suis. A la manière de L’évolution à cheval, l’auteur nous propose de manière assez décousue des passages documentaires parfois intéressants, parfois moins
- Enfin, le dernier axe qui donnait son titre à l’album et qui m’avait incité à l’acheter couvre le ressenti de Lucile elle-même, se sentant illégitime et manifestant donc le fameux syndrome de l’imposteur, allant même jusqu’à intérieurement refuser son titre de docteur.
Or, surprise, j’ai trouvé son traitement plutôt décevant ! Tout d’abord, celui-ci n’apparait qu’au tiers de l’album. Ensuite, j’ai trouvé son introduction et son explication plutôt maladroite, presque brouillonne. Et tout comme les deux premier points, ce troisième semble nécessiter une connaissance préalable du sujet même si ce n’est que de manière superficielle.
Dans l’album, le syndrome de l’imposteur est lié à un traumatisme d’enfance de Lucile. Pourquoi pas, mais le lien se fait un peu trop facilement à mon goût (et n’est évidement pas toujours aussi simple dans le monde réel).
Il est également fait mention d’une variation du sentiment d’imposture en fonction de la situation dans laquelle Lucile se trouve et du stress que celle-ci lui engendre, dans une sorte de boucle infernale plutôt bien vue, pour le coup. De la même manière, lors de la manifestation du syndrome, elle perd tout ses moyens, au point de douter de ses connaissances les plus basiques, renforçant ainsi le sentiment d’imposture. En découle une surréaction qui la conduit à envisager les pires conséquences possibles à ces actes.
L’ensemble de ces sujets est particulièrement intéressant pour qui souhaite en savoir plus sur ce syndrome (et c’est a priori le cas si vous lisez l’album en question). Mais il est dommage que ce ne soit pas plus exposé, approfondi, mis en scène ou détaillé… De la même manière, alors que le personnage/auteur est psychiatre de formation, il n’y a pas de mise en abîme avec une réflexion sur le syndrome de l’imposteur lui-même sous un regard psy… L’occasion était pourtant belle !
Côté dessin, j’avoue ne pas avoir été transporté par le style de Le Men… Marqué et assumé, je suppose que l’on aime ou l’on aime pas ; et je suis plutôt dans le second camps. Néanmoins, l’on n’ouvre pas ce type d’album pour être transporté par ses qualités graphiques ; et à l’inverse, le dessin sert plutôt bien une narration partiellement documentaire, non-linéaire et faisant la part belle aux apartés. ou aux métaphores picturales.
En conclusion, je m’attendais à un album qui décortique le Syndrome de l’Imposteur en long, en large et en travers. Or, nous avons plutôt une BD qui, comme son sous-titre l’indique, suit le parcours d’une interne en psychiatrie avant tout.
- Même si cet aspect sera finalement assez peu exploité dans l’album.[↑]