Les anciens Jedi : mythes & légendes (partie 2/2)

La Légende des Jedi, tome 1 : L'Age d'or des Siths

Aprés avoir passé en revue le contexte de parution de cette Legende des Jedi, ainsi que ses enjeux dans la partie 1, entrons un peu plus dans les détails du lore

Une galaxie fragmentée

Bien que ce ne soit pas (à mon goût) plus détaillé que cela, la galaxie nous est dépeinte dés le départ comme un espace géographique très fragmenté, percé de tunnels qui permettent aux vaisseaux de rallier un point à un autre, au travers l’hyperespace.

Dans ce contexte, les voyageurs ont deux options : soit emprunter des voies hyperspatiales déjà tracées, cartographiées et sécurisées (notamment au moyen de balises hyperspatiales), soit procéder à de nouveaux calculs et explorer de nouvelles trajectoires, à leur risques et périls. Les jumeaux Gav et Jori, sont ainsi des explorateurs (on parle aussi de « prospecteurs »), qui découvrent de nouvelles routes hyperspaciales, pour les revendre ensuite à des voyageurs moins téméraires. Tandis que la famille Sunrider, par exemple, emprunte des voies déjà éprouvées, même si potentiellement très mal famées.

Dans ce contexte, toujours, différentes factions peuvent tout à fait coexister dans la galaxie sans entrer en contact l’une avec l’autre. C’est ainsi le cas de la République (domaine des chevaliers Jedi) et de l’empire Sith en -5000 ; mais également de très nombreuses autres poches de civilisations plus ou moins inconnues qui rallient progressivement la République Galactique en -4000…

Si la République est finalement assez peu montrée, l’on comprend quand même qu’elle est composée de plusieurs secteurs, comme fédérés, tels que celui de Coruscant, de l’impératrice Téta ou de l’amas de Cron. L’ordre des chevaliers Jedi, même s’il est lié à la République, semble assez indépendant, avec des académies sur des planètes quasi-autonomes, telles que Ossus ou Dantooine. L’Empire Sith de -5000, quant à lui, nous est dépeint comme un équilibre instable entre plusieurs seigneurs de guerre (en particulier Sadow et Kresh), lieu de complots et de trahisons depuis la mort du dernier Seigneur Noir des Sith, chef absolu de l’empire.

Personnellement, c’est une base géographique astrographique qui me plait beaucoup, pour y construire ensuite une histoire…

Dans les premiers tomes de LdJ, l’immense majorité des planètes m’étaient inconnues. C’est d’ailleurs normal, puisque nous sommes au tout début de l’UE de Starwars. Toutefois, la cohérence du lore est tout-à-fait respectée : d’aprés l’Atlas, la planète Ziost (capitale de l’empire Sith) est non loin de Korriban (sanctuaire Sith) dans un secteur extrême du nord-est de la galaxie, tandis que la planète Cinnagar (l’un des 7 mondes du système de Koros, demeure de Gav et Jori, puis origine du Krath) est située en plein cœur de la galaxie, dans le noyau. Le système d’Onderon, où Ulic est envoyé en mission, se trouve dans la bordure intérieure, relativement proche de la planète-capitale Coruscant.

Remarque

La lecture de ce même atlas nous apprend que Ulic Qel-Droma utilisa une (autre) superarme durant la Guerre des Sith : le Dark Reaper, capable de drainer les êtres vivants au travers de la Force, pour s’alimenter en énergie. Ulic employa cette arme pour répandre la terreur durant la guerre, avant de rejoindre de nouveau le camp des Jedi et leur indiquer comment lutter contre cette arme abominable.

Or, tout cet arc n’est absolument pas narré dans la série LdJ ! En fait, il s’agit d’un retcon, permettant de donner du lore à un jeu vidéo sorti en 2002 et se déroulant durant la guerre des clones.

Sagas familiales

Si la saga Star Wars est difficilement dissociable de la famille Skywalker (que ce soit dans les films, la Guerre des Clones ou la période Legacy…), cela devient pourtant nécessaire lorsque l’on explore le lointain passé de la galaxie 1. Pour autant, les histoires familiales font définitivement partie de l’ADN de Star Wars, aussi retrouvons-nous différentes familles, fratries ou dynasties dans la présente série :

  • Les Daragon sont des explorateurs de l’hyperespace, intrépides et courageux, tant la génération des parents que leurs enfants.
  • Les Qel-Droma sont deux frères jedi, formés par le puissant maitre Arca.
  • Les Sunrider sont également une puissante lignée de jedi 2, dont l’une des ultimes descendantes croisera même Léia dans les bas-fonds de la lune de Nar Shaddaa.
  • Les Keto constituent la famille régnant sur les gisements miniers du système de Koros, lointains descendants de l’impératrice Teta.
  • Les Kira sont un clan de seigneurs des bêtes sur la planète Onderon dont l’un des membre (Oron) épouse la fille héritière (Galia) de la famille royale.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la généalogie de tout ce petit monde, schématisé par mes soins.

Forces en présence

Sans aller jusqu’à dire que les différentes factions présentées dans LdJ entretiennent des rapports géopolitiques complexes, il est intéressant de souligner que les auteurs nous proposent d’aller au delà de deux camps qui s’affrontent simplement de manière binaire.

La République

Déjà évoqué plus haut, la République Galactique n’est pas énormément détaillée, mais semble constituée de plusieurs secteurs plus ou moins disjoints, reliés par des routes hyperspatiales. Sa capitale est la planète Coruscant.

Et de nouveaux systèmes sont régulièrement découverts, contactés, et invités à rallier la République (comme c’est le cas pour Ondéron), même si, encore, cela n’est pas assez détaillé à mon goût.

L’Ordre Jedi

Voir plus bas.

Les Jedi forment une force relativement disjointe de la République, et ne s’impliquent pas systématiquement dans les affaires politiques de la galaxie.

Les clans hutts

Finalement peu évoqués, les clans hutts interviennent toutefois dans le tome #3 puisqu’ils tuent le Jedi Andur Sunrider, lançant involontairement l’extraordinaire destinée de son épouse : Nomi Sunrider.

Le Krath

Le Krath constitue un antagoniste initialement peu crédible, mais montant progressivement en puissance. Sorte de club initié par Satal Keto et Aleema, deux jeune aristocrates désœuvrés du système de l’impératrice Teta, il rassemble des adeptes novices du Côté Obscur. Guidé par le spectre de Freedom Nadd ainsi que par quelques artefacts Sith, le Krath devient petit à petit une dictature sanglante sur le modèle de l’Empire Sith, son glorieux aîné. Il atteindra son apogée sous la houlette du Jedi déchu Ulic Qel-Droma

L’empire Sith : passé et vestiges

Déjà évoqué plus haut, en -5000, l’Empire Sith est une force isolée des voies hyperspaciales connues, jusqu’à ce que les Daragon ne tracent une nouvelle route reliant l’Empire à la République. Aprés la Grande Guerre de l’Hyperespace, l’Empire Sith est rasé.

En -4000 (à partir du tome 3 de la saga), l’Empire Sith n’existe plus depuis longtemps. Mais de nombreux vestiges lui restent et ne demandent qu’a corrompre les plus curieux : écrits et anciens artefacts, mausolées et temples sur la planète Korriban, et bien sûr les spectres des seigneurs Sith les plus puissants. C’est ainsi qu’Exar Kun est corrompu, ou que le Krath est fondé…

Notion importante

Même si cela n’est absolument pas abordé dans la série LdJ, signalons qu’en -5000, une partie des forces Sith parvient tout de même à fuir vers une nouvelle planète : Dromund Kaas.

Cela aura son importance dans la suite de la chronologie de Star Wars, mais est hors-sujet au présent article.

Freedon Nadd : l’absent très présent

Enfin, je voulais évoquer le cas plutôt original du personnage de Freedon Nadd.

Il nous est expliqué qu’il fut un Jedi qui sombra dans le côté obscur de la Force, environ 400 ans avant Exar Kun et Ulic Qel-Droma. Il fit sien l’héritage du seigneur Sith Naga Saddow puis fonda une dynastie royale sur la planète Ondéron, où il dirigea une civilisation guidée par le côté obscur et pourtant paradoxalement plutôt prospère. Bien après sa mort, c’est son esprit qui guide Exar Kun vers les enseignements Sith et son funeste destin.

Le point original, avec ce personnage, est qu’il s’inscrit « hors champ ». Son histoire intervient 600 ans après le tome #2 et 400 ans avant le tome #3. Ainsi, et même s’il l’on croise son spectre, c’est un personnage important du récit dont l’histoire ne nous est que rapportée.

La Force est avec eux

Contrairement à la trilogie originelle, la Légende des Jedi se déroule à une époque où l’ordre Jedi était florissant, tandis que les Sith et autres adeptes du côté obscur étaient également puissants. Ainsi, la Force (fluide mystique d’où sont tirés des pouvoirs surnaturels) est évidement centrale dans la série, alimentant le récit tout en évitant les principaux risques d’en faire un deus ex machina.

Elle est proposée dans cette série comme étant trés duale. En effet, côté clair et côté obscur de la Force apparaissent ici comme totalement antinomiques et exclusifs. Ainsi, un adepte du côté obscur n’a pas (ou plus) accès aux possibilités ou pouvoirs offerts par le côté lumineux ; corolaire : les pouvoirs de la Force ne sont donc accessibles que par l’un des deux côtés et semblent ainsi conditionnels. C’est une originalité de LdJ. Car sauf erreur, dans la plupart des œuvres de l’univers Legends de Star Wars, la Force est plutôt vue comme un continuum de la lumière vers l’ombre ; et un adepte du Côté Obscur ne devient pas imperméable aux capacité offertes par le côté clair…

Les holocrons (célèbres dans l’univers Star Wars) nous sont également présentés dans cette saga. Objets mystiques, ils renferment des enregistrements holographiques de maitres dispensant leurs enseignements aux générations présentes et futures. Jedi comme Sith les utilisent. Toutefois, l’holocron Sith dispose de capacités un peu étonnantes (voir plus bas).

Les pouvoirs

Se pose alors la question du traitement de la Force et de son impact sur la narration. A mon sens, la Force est plutôt bien employée par les auteurs. Nous sommes clairement dans un cas de magie douce, dans laquelle les pouvoirs ne sont pas détaillés, mais ne servent pas non plus à réellement résoudre les problèmes et situations rencontrées par les personnages.

La première partie de la série insiste sur un pouvoir en particulier, celui de la méditation de combat (un pouvoir qui est a priori du côté des Jedi, mais qui semble avoir également un équivalent chez les Sith sous la forme d’illusions). Le principe est assez simple : le (ou les) méditant exacerbe la motivation et l’espoir dans son camp, tout en suscitant les sentiments les plus défaitistes dans le camp adverse3.

Nous retrouvons également les fantômes de Force, une forme spectrale que les Jedi et Sith décédés les plus puissants peuvent prendre, pour communiquer avec les vivants. Signalons que dans l’univers Star Wars Legends, ces fantômes Jedi (et Sith) existaient de longue date, tandis que dans sa version Canon (Disney), ils n’apparaissent qu’après la mort de Qui-Gon Jinn des millénaires plus tard.

A cela s’ajoute également un pouvoir particulièrement puissant, acquis en particulier par Nomi Sunrider : celui d’isoler une personne de la Force (définitivement ou non) !

A plusieurs reprise, différents protagonistes chargent une arme à l’aide de la Force, lui conférant une résistance et une solidité surnaturelle, et lui permettant en particulier de rivaliser avec un sabrelaser. C’est le cas pour les glaives employés par les anciens Sith (tomes 1 et 2) mais le maitre Jedi Baas utilise également cette capacité pour se battre à l’aide de son bâton (à partir du tome 4). Une astuce narrative un peu facile (et pas forcément nécessaire)… mais acceptable.

Un autre pouvoir est déployé par Exar Kun dans le sénat de Coruscant : celui de figer l’ensemble de la (très grande) salle, tétanisant les sénateurs et les changeant momentanément en statues de chair hébétées. Une capacité qui m’a parue comme proprement cheatée, pour le coup.

Enfin, signalons que certains Jedi semblent avoir une affinité avec les bêtes et animaux. C’est le cas pour le twi’lek Tott Doneeta ainsi que pour Nomi Sunrider, dans une moindre mesure.

L’Ordre Jedi d’antan

Concernant l’ordre jedi en lui-même, l’on remarquera que les règles posées par la prélogie (épisodes I à III au cinéma) n’existaient pas encore l’époque de publication de ces comics. Ainsi, les Jedi n’ont pas de bure particulière et se vêtissent comme bon leur semble. Ils ont tout à fait le droit de fonder une famille (exemple : les Sunrider). Et un maitre peut parfaitement avoir plusieurs apprentis (le mot padawan n’existe d’ailleurs pas encore).

Nota bene

Bien sûr, l’on peut argumenter que toute ses règles auront été édictées par l’ordre Jedi postérieurement à l’époque de LdJ ; mais la véritable raison est bien la chronologie de publication extradiégétique.

Le centre névralgique de l’Ordre est la planète Ossus (dans la bordure extérieure), une planète qui deviendra légendaire dans l’Univers Etendu de Star Wars. Aucun « temple » n’est mentionné (ni sur Coruscant, ni ailleurs) mais plutôt des « centres d’entrainement » et des « académies ».

La planète Deneba est également présentée comme une place forte jedi. On y trouve en particulier l’étrange mont Meru : une montagne creuse permettant de rassembler une assemblée de représentants de l’ordre en cas de crise ou de conclave. La planète Dantooine est également régulièrement visitée, comme une base Jedi importante.

Signalons également que certains chevaliers Jedi voient leur titre doublé d’une fonction. Ainsi, Exar Kun se présente comme un jedi archéologue (même s’il ne l’est pas réellement) tandis que Qrrrl Toq est un jedi armurier. L’on trouve également des jedi chasseurs tel que Guun Han Saresh (spécialisé dans l’extermination des tarentateks) qui officièrent durant la Grande Chasse. Sans mentionner bien sûr nombre de jedi pilotes, une fonction beaucoup plus classique que l’on rencontre même dans la prélogie.

Enfin, un conseil Jedi est plus ou moins évoqué, mais la direction de l’ordre n’est pas clairement abordée. A l’inverse, l’assemblée Jedi convoquée au Mt Meru puis le conclave de la station d’Exis nous indique qu’en cas de crise, c’est plus ou moins l’ensemble des chevaliers (!) qui est invité à se rassembler pour s’exprimer, échanger, et prendre des décisions conjointement.

La « magie » Sith

Tandis que les Jedi sont plutôt montrés comme des moines officiant dans des bibliothèques et académies (et sans doute à juste titre, puisqu’ils sont constitués en ordre), les Sith sont présentés comme des sorciers ourdissant leurs desseins dans des temples. Ainsi, la manière qu’ils ont de faire appel à la Force est beaucoup plus mystique, et fait souvent intervenir des « vecteurs » pour déployer leurs pouvoirs (amulettes, holocrons, temples, cristaux, êtres vivants…).

Si cet aspect m’a un peu dérangé au départ, je trouve que c’est plutôt intelligent comme dichotomie dans la perception de la Force par ses adeptes :

  • Les Jedi font appel à la Force. Elle est une alliée naturelle, et ils la respectent.
  • Les Sith contraignent la Force à leurs désirs. Elle perd ainsi cet aspect naturel pour se déployer (ou être emprisonnée) dans des objets artificiels.

Ajoutons à cela que les Sith semblent disposer de la possibilité de forcer un Jedi à passer du côté obscur. Pour cela, deux moyens nous sont présentés : le poison Sith employé par Satal pour convertir Ulic, et les échardes de cristaux provenant de l’holocron Sith brisé, permettant à Exar Kun de convertir une vingtaine de Jedi. Pour le coup, j’avoue que je n’ai qu’à moitié adhéré à ce concept…

Enfin, l’on aura remarqué qu’à l’époque lointaine où se déroule cette série de comics, l’apposition du titre « Dark » (ou « Darth » en VO) devant les noms des seigneurs Sith n’était pas encore de rigueur !

Conclusion

La « Légende des Jedi » est souvent considérée par les fans de Star Wars comme une série majeure de l’univers Legends, permettant de comprendre les origines de nombres d’aspects de la célèbre saga de space opéra.

A titre personnel, si je n’ai pas foncièrement été déçu, je dois admettre que cette saga en 6 tomes ne m’a pas totalement conquis pour autant. L’on est au tout début de l’ancien univers étendu de Star Wars, et cela se sent. Nombre de concepts ne sont pas très clairs, ne seront pas vraiment repris ou seront carrément modifiés dans les œuvres éditées postérieurement. L’on est également en présence de comics sortis dans les années 90, cela se ressent, et ils n’ont généralement pas très bien vieilli (même s’il ne sont pas désagréables à lire pour autant). Disons qu’ils sont dans leur jus, et qu’il faut les considérer comme tels.

Enfin, mon principal regret sera surtout dans la narration des deux guerres qui nous est faite au fil de ces 6 tomes. A mon sens, celles-ci sont trop rapidement expédiées, et l’on peine à en saisir les enjeux, la portée, l’ampleur galactique et les conséquences potentiellement délétères pendant les siècles à suivre… Peut-être le média du comics n’est-il pas bien adapté à ce genre de récit ? A titre de contre-exemple, la série de la Guerre des Clones parvient pourtant bien à rendre une atmosphère de guerre galactique crédible. Toutefois, celle-ci dispose de plusieurs points forts :

  • 10 tomes complets pour une seule guerre ;
  • Un choix de se focaliser sur des batailles, des escarmouches, souvent au plus prés du terrain ou de la ligne de front ;
  • Une absence de réelle vue d’ensemble de la guerre (avancements, stratégies, enjeux globaux).

Trois points qui permettent de s’identifier aux combattants et ressentir l’atmosphère des champs de batailles. Trois points qui manquent sans doute à cette Legende des Jedi.

  1. Rappelons qu’Anakin Skywalker est fils d’une esclave et de… personne.[]
  2. Rappelons qu’à cette époque, les Jedi pouvaient tout à fait fonder des familles.[]
  3. Cela rappelle un peu les pouvoir d’exaltation et d’apaisement dans la saga romanesque du Fils des Brumes, de B. Sanderson.[]

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