Synopsis
Dans les années 70, en californie, un jeune cinéaste fraichement diplômé se démène tant bien que mal pour réaliser un film original lui tenant particulièrement à coeur. Son nom ? Georges Lucas. Son idée ? Star Wars !
Flegmatique et introverti, Lucas devra se battre à tous les niveaux pour concrétiser sa vision. Alors que les films de science-fiction étaient largement passés de mode auprés des petits et grands (à l’exception de quelques œuvres particulièrement sombres ou opaques), le jeune réalisateur souhaite réunir le public autour d’une nouvelle mythologie optimiste et universelle. Pour cela, il devra affronter nombre de déboires, inventer de nouveaux effets spéciaux, s’intéresser de prêt à tous les aspects de la production, gérer le casting, commander la musique, composer avec les environnements naturels de tournage, imaginer de nouvelles façon de faire un films… et par dessus tout, négocier avec les grands studios de production hollywoodiens ! Heureusement, il pourra compter sur son épouse (et monteuse) Marcia, ainsi que quelques collègues tels que Francis F. Coppola ou Steven Spielberg...
Fabriquer Star Wars…
En tant que grand amateur de l’univers de Star Wars et fan de la trilogie originale, je savais que ce livre me plairait… mais je ne pensais pas l’apprécier à ce point ! Sans doute ne suis-je pas très objectif sur cette saga, je dois je reconnaitre, mais les diverses critiques et prix qu’à reçu cet album garantissent toutefois une qualité de manière assez objective.
Nous suivons donc l’odyssée de Geoges Lucas, depuis sont enfance (en flashback) jusqu’au succès final et planétaire de son Star Wars1. En partant d’un double incident tragique (son accident de voiture dans sa jeunesse, puis son hospitalisation pour problème cardiaque), l’auteur Laurent Hopman nous propose une biographie pointue et extrêmement documentée, en témoignent les deux pages de bibliographie en fin d’album ! On peut ainsi supposer que l’histoire qu’il nous narre est globalement vraie et juste ; et à titre personnel, j’ai retrouvé plusieurs anecdotes que je connaissais préalablement à ma lecture. Le reproche que l’on peut faire à cette approche très réaliste est un aspect trés encyclopédique, avec parfois une liste un peu longue de protagonistes ou de professions du cinéma qui sont sans doute très justes, mais nuisent un peu à la lisibilité et la fluidité du récit. Une volonté (compréhensible) d’exhaustivité de l’auteur, certainement. Toutefois, et de manière surprenante, l’humour est également très présent en jouant en particulier sur les comiques de situation et de répétition.
L’histoire dans l’histoire
Je ne suis vraiment pas un lecteur habituel de ce type d’album biographique ou documentaire. De plus, cette fois, il s’agit d’un point de vue extradiégétique de la saga Star Wars, dont j’affectionne particulièrement l’univers intradiégétique. Mais je peux dire que cet album fut simultanément un coup de cœur et une réelle surprise ! En outre, et contrairement à certaines BDs documentaires qui se contentent d’aligner des vignettes (exemple), nous avons ici une véritable histoire, avec une vraie tension et une réelle progression narrative.
Malgré le point de vue réaliste, je n’ai pas pu m’empêcher de noter plusieurs niveaux de lecture de cette histoire pourtant bien réel. En particulier deux, qui rendent cette approche de l’histoire de Georges Lucas très méta :
- Tout d’abord, le succès final de Star Wars n’est un mystère pour personne. Ainsi, dans cet album, l’intérêt ne réside pas dans sa conclusion, mais bien dans la manière dont Georges Lucas y parvient. Exactement comme dans la prélogie de Star Wars, dans laquelle l’on suit l’évolution d’Anakin Skywalker tout en sachant parfaitement il deviendra Dark Vador !
- Ensuite, Georges Lucas a largement utilisé la structure scénaristique du monomythe développé par Campbell (sur lequel je ferai tout un article prochainement). Et j’ignore si c’est volontaire de la part de l’auteur de cet album, mais je pense que l’on peut appliquer ce monomythe à l’histoire de Lucas tel qu’elle nous est ici présentée !
Des dessins simples, mais pas simplistes
Les suppléments en fin d’albums indiquent (et même illustrent) que le dessinateur a d’abord envisagé un style assez réaliste, avant de finalement opter pour des illustrations plus simples et figuratives.
Et le résultat est tout à fait percutant. Parfois presque minimaliste, le style n’en est pas moins vif et nerveux. Principalement en noir et blanc, quelques aplats de couleurs sont toutefois régulièrement ajoutés pour souligner certains éléments ou certains personnages, tout en restant fluides et discrets.
Malgré une approche simple des personnages, le charadesign est parfaitement bien maitrisé et est d’une efficacité redoutable. Notamment, les personnages les plus connus du grand public (Lucas lui-même, mais aussi Harisson Ford, Spielberg ou Carrie Fisher…) sont particulièrement reconnaissables.
J’ai adoré !
Toute la conclusion est résumée dans les trois mots précédents.
Je recommande trés fortement la lecture de cet album à toute personne appréciant Star Wars, en particulier la trilogie originale. Mais ce peut également être une lecture intéressante pour tout amateur de cinéma en général.
Et difficile de ne pas se prendre de sympathie pour Lucas, un jeune homme discret mais ambitieux, qui crût en ses idées envers et contre tous, dû affronter des problèmes inimaginable, des doutes profonds, des moments de solitude immenses… tout en parvenant à faire au mieux en dépit des circonstances, en particulier en focalisant sur le moment présent et en avançant pas à pas. Un récit véritablement inspirant !
Est-ce que l’histoire de la production de la suite de la trilogie sera aussi passionnante ? Affaire à suivre…
- Rappelons que nous parlons ici du film Star Wars Episode IV – Un Nouvel Espoir, le tout premier, sorti en mai 1977[↑]
