Depuis que j’ai relu l’excellente Tchalette, je continue mon exploration de quelques albums achetés d’occasion et prenant place dans l’antique collection Histoires et légendes des éditions du Lombard (datée du début des années 80). Et récemment, j’ai donc refermé cette « Ombre du Corbeau », publié en 1981…
Celui-ci débute par une petite préface signée par un tiers, comme chaque album de cette collection. Je ne suis pas convaincu par leurs réels intérêts, mais pourquoi pas…
1915, en pleine première guerre mondiale, le soldat allemand Goetz est gravement touché par un tir d’artillerie. Mais il survit de manière miraculeuse, et découvre bientôt une mystérieuse famille vivant dans un petit domaine épargné par la guerre… comme s’il était situé hors du temps. Où est-il ? Comment ? Et surtout : pourquoi ?
Et sans véritablement spoiler, autant mettre les pieds dans le plat : nous n’aurons pas vraiment de réponses à ses questions (le paragraphe précédent ayant été rédigé alors que ma lecture de l’album était en cours). Cette histoire finalement assez courte est avant tout une expérience, une plongée dans une ambiance étrange, douce-amère, entre poésie et barbarie. Le contexte de la première guerre mondiale qui bascule dans un fantastique assumé est pour le moins original, et réussi. Il ouvre la réflexion sur l’absurdité de la guerre, ainsi que la mort, tout en laissant largement le soin au lecteur de se laisser voguer seul sur ses méditations.
Les dessins sont très particuliers, avec un style notablement marqué. Je n’ai personnellement pas vraiment adhéré, mais cela n’a pas dégradé pour autant pour expérience de lecture. Encore une fois, il faut se laisser porter…
Les jeux de couleurs sont également notables, alternant avec les différentes phases de l’histoire, tout en employant principalement des tonalités un peu passées (ou à moins que cela ne soit dû à l’âge de mon album…?). La composition des planche est assez classique, même si l’on pourra noter l’emploi intelligent de nombreux inserts dans certaines grandes cases, obligeant le lecteur à ralentir son rythme de lecture.
Finalement, seul le scénario en lui-même aura été une petite déception pour moi. Mais encore une fois, là ne réside pas l’intérêt de cette « Ombre du Corbeau »… Dont le titre est d’ailleurs assez peu adapté à mon avis.