
Après avoir perdu une bonne partie de son territoire dans le No Man’s Land, Batman fait désormais appel à ses alliés pour tenter de reprendre les rênes de Gotham City.
Tout d’abord, Azraël et la nouvelle Batgirl ont la charge de neutraliser Nicholas Scratch, un personnage caricatural mais au charisme frôlant l’hypnose collective.
De son côté, Nightwing doit reprendre le contrôle du pénitencier de Blackgate, qui détient une bonne partie des pires individus de Gotham, mais actuellement aux mains d’individus guère plus recommandables.
Batman et Robin enquêtent dans Robinson Parc, un jardin public à l’abandon duquel semblent provenir des produits maraîchers absurdes compte tenu de la saison et des conditions.
Quant à Catwoman, Batman lui confiera une étrange et dangereuse mission… à l’extérieur du No Man’s Land !
Un récit qui privilégie l’action au détriment de la profondeur
Ce troisième tome de Batman: No Man’s Land poursuit la chronique d’une Gotham en ruine où la loi du plus fort prévaut. En multipliant les arcs narratifs, l’histoire cherche à maintenir un rythme effréné, mais peine parfois à accorder un véritable développement à chacun. Batman, en chef d’orchestre distant, délègue les tâches à ses alliés, mettant ainsi en avant Nightwing, Azrael et Catwoman. Loin d’être un défaut, ce choix renforce l’idée d’un Chevalier Noir dépassé par l’ampleur de la tâche.
L’intrigue réserve néanmoins quelques moments marquants, notamment au travers des déboires de Nightwing à Blackgate et la mission de Catwoman hors des frontières du No Man’s Land. En revanche, l’histoire autour de Nicholas Scratch, antagoniste caricatural, manque cruellement d’épaisseur, rendant certaines séquences presque ridicules.
Un casting dense mais inégalement exploité
Si Gotham est toujours au cœur du récit, ses habitants, eux, n’ont pas tous droit à un traitement égal. Nightwing se démarque par son énergie et son charisme, tandis que Cassandra Cain enfile pour la première fois le costume de la (nouvelle) Batgirl, une évolution intéressante bien que peu approfondie (on la retrouvera ensuite dans la saga Batman Detective Comics). Catwoman, présentée comme plutôt enjouée, quant à elle, bénéficie d’une mission intrigante mais qui ne prendra sa dimensions que dans le tome suivant (ou pas).

Certains personnages, pourtant essentiels à l’univers de Batman, sont relégués au second plan. Huntress, qui se révèle être la mystérieuse Batgirl des premiers tomes, est à peine évoquée, et Jim Gordon, malgré son statut de figure de proue de la police de Gotham, n’apparaît que brièvement pour afficher son ressentiment envers Batman 1.
En plus de nos héros, ce troisème tome est l’occasion de croiser des personnages connus comme Poison Ivy, Double-Face ou Gueule d’Argile… ou beaucoup moins connus tels que Double-Tour ou KGBeast (oui, rien que ce dernier nom est tout un programme.).
Un dessin très années 90
Graphiquement, No Man’s Land reste fidèle à l’esthétique des comics de la fin des années 90. On retrouve des corps sculptés et hypersexualisés, des poses exagérées et un charadesign parfois discutable. Azraël, par exemple, frôle le ridicule par moments ; et Nicholas Scratch s’y vautre totalement. On aime ou on n’aime pas ; personnellement, je suis plutôt du premier bord.

Les couleurs, en revanche, sont bien gérées, alternant entre teintes vives et contrastes marqués, ce qui accentue l’atmosphère sombre de Gotham. Les décors restent immersifs, avec une ville dévastée qui respire toujours autant l’oppression et la peur.
Une ambiance post-apocalyptique toujours aussi efficace
L’un des points forts de ce tome réside dans son ambiance. La ville abandonnée, divisée en territoires sauvages où règne l’anarchie, conserve toute sa force évocatrice. Si le tome précédent s’attardait sur les luttes de pouvoir entre gangs, celui-ci recentre l’intrigue sur la survie des héros ou simples citoyens-survivants, et sur leur capacité à collaborer face au chaos.
L’œuvre explore en filigrane des thématiques fortes comme la confiance et la cohésion d’équipe. Pourtant, ces réflexions restent en surface, souvent éclipsées par l’action et les enjeux immédiats.
Un tome solide mais sans éclat
Ce troisième volume de Batman: No Man’s Land s’inscrit dans la continuité de l’arc en cours, avec un récit choral bien rythmé mais inégal dans son exécution. Si certains personnages trouvent un espace pour briller, d’autres sont sous-exploités. Loin d’être mauvais, cet album manque simplement du souffle épique que l’on pourrait attendre d’un tel scénario. Il reste néanmoins une lecture incontournable pour les amateurs de l’univers de Batman, qui apprécieront son ambiance unique et son ancrage fort dans la mythologie de Gotham.
- Il nous est d’ailleurs introduit une scission dans les forces de police de Gotham, qui trouvera écho dans les tomes suivants, j’imagine.[↑]