Je me suis récemment replongé dans cette petite trilogie en BD, qui siège dans ma bibliothèque depuis trés longtemps, dont j’avais oublié l’origine, tout comme le contenu… Thriller de science-fiction dans l’univers des bio-technologies, voyons de quoi il retournait.
Paris, en pleine période de Noël. Dans le froid de la capitale, nous suivons les trajectoires de quatre protagonistes :
- Le timide Arthur est doctorant en paléo-botanique, et partage sa vie simple entre son travail, son amitié pour l’ambiguë Cid et son aide aux animaux abandonnés ;
- Lucas est un juriste infecte, travaillant pour Ethicon Biogen, une inquiétante compagnie pharmaceutique ;
- Méline, animée d’une foi étrange, est en charge d’un refuge pour animaux abandonnés ;
- Yukiko est flic, noyant un traumatisme récent dans ses enquêtes, et se retrouve en charge de l’assassinat d’un savant par un fanatique religieux en plein conférence.
Tout d’abord totalement étrangers, ils seront amenés à se croiser alors que d’étranges évènements se produisent dans les recoins sombres de Paris…
Le sujet de la biotechnologie, la bioéthique et les recherches sur le génome humain ont de quoi captiver. Toutefois, l’album met énormément de temps à se mettre en place. Trés verbeux, sans doute trop, les expositions sont légions dans cette gigantesques introduction, faisant la part belle aux dialogues… ce qui est plutôt un point négatif. Si les échanges sont plutôt fluides entre personnages, le récit raconte plus qu’il ne montre, et c’est dommage (« show don’t tell » comme disent les anglo-saxons). Peinant à vraiment démarrer, le scénario fait se croiser les personnages, parfois intelligemment, parfois artificiellement ; puis il s’emballe dans les dernière pages, avec un évènement durant lequel certains personnages se rencontrent de manière assez improbable, et entament des échanges philosophiques beaucoup trop décalés par rapport à la précarité de leur situation.
Les thèmes de fond sont alléchants, tant dans la bio-éthique que dans l’opposition (plus nuancée qu’à première vue) de l’affrontement entre la foi et la science. Ils sont néanmoins manipulés avec une certaine naïveté pour l’instant. A voir ce que cela donnera dans les tomes suivants…
En terme de dessins, il y a du bon et du moins bon. Le principal reproche que je ferais est la ressemblance entre la plupart des personnages masculins, dont seule la couleur des cheveux et une éventuelle barbiche permet de les différencier. Néanmoins, chacun dispose d’une personnalité marquée avec son passif et ses motivations, nous le rendant rapidement attachants. Les vignettes font la part belle à des contrastes forts entre aplats noirs marqués, et teintes généralement verdâtres ou jaunâtres, étonnantes mais qui se marient bien et donnent à l’album une atmosphère étouffante et malsaine plutôt réussie. Enfin, j’ai relevé quelques compositions trés audacieuses, me faisant parfois pensé à l’exubérance de certains comics américains :
En conclusion, un premier tome intrigant et prometteur, quoique pas exempt de défaut. Pas étonnant que j’aie acheté les albums suivants à l’époque. Wait & see au prochain tome…