Alors qu’un hivers rigoureux s’est abattu sur Gotham, Robin interroge Batman sur l’inéluctabilité de la prison, ou de l’asile, pour les supervilains qu’ils pourchassent. Le Chevalier Noir évoque alors le cas de Victor Fries alias Mr. Freeze, dont le principal mobile est de sauver sa femme, suspendue en stase entre la vie et la mort. Le duo dynamique pourra-t-il aider le méchant spécialiste du froid ? D’ailleurs, souhaite-t-il lui-même une telle aide ?
Mr. Freeze est l’un de mes vilains préférés dans la mythologie de Batman. Quand j’étais gamin, c’était parce que je trouvais ses pouvoirs frigorifiques cool (!) et plutôt originaux. Par la suite, ce sont ses motivations qui m’ont largement séduites, car nous sommes en présence d’un savant fou qui a congelé la femme qu’il aime avant qu’elle ne meurt d’une maladie incurable, puis fait tout pour lui trouver un remède, franchissant allègrement les limites de la légalité, mais aussi de la moralité…
Le principe de la collection « One bad day » est plutôt simple : proposer un récit court sur un supervilain emblématique de Batman, détaillant une unique mauvaise journée qui a complètement renversé le cours de son existence. Ce concept de base reprend de manière assumée le pitch du célébrissime « Killing Joke » de Alan Moore.
La combinaison des deux points précédents ne pouvait que me vendre du rêve. Et pourtant, j’ai été assez déçu. La narration est composée de différents petits segments (l’album est très court pour un comics : ~70 pages) parfois un peu décousus dans une chronologie assez anarchique. Le scénario prend d’ailleurs quelques raccourcis pas forcément très heureux, avec des évènements se produisant lors d’ellipses temporelles, et obligeant les protagonistes à les mentionner, plutôt que de les montrer au lecteur. Comme pour le One Bad Day sur Ra’s Al Ghul, nous ne sommes pas ici sur l’histoire d’une chute, mais plutôt sur une rédemption (ou pas), ce qui invalide encore le concept de base de la série.
Côté dessin, le style de Scalera sera certainement clivant : on adorera, ou un détestera. Et en ce qui me concerne, je suis plutôt dans le second camps (il me rappelle assez Un Long Halloween), bien que je lui reconnaisse des qualités graphiques certaines, même si je n’adhère pas.
Du côté des points positifs , j’ai apprécié le personnage de Nora apparaissant dans les flashbacks, plutôt subtil, contrairement aux autres protagonistes. A l’inverse, j’ai été un peu surpris par la personnalité donnée à Victor avant son accident (mais pourquoi pas). Quelques questions intéressantes sont avancées sur le deuil, la vie qui passe, quoi faire du temps qui nous est imparti 1… mais l’épaisseur de l’ouvrage est bien trop faible pour en tirer vraiment parti. Enfin, quelques bonnes punchlines de Robin font sourire régulièrement, et apportent au récit un vent de… fraicheur.
Pour conclure, un album pas foncièrement mauvais, mais qui aurait pu proposer bien mieux à mon sens.
- Qui à la référence (cinématographique) ?![↑]