Jugé responsable de ses actes, le supervilain connu sous le nom de E.M.P. doit être transféré de l’asile d’Arkham au pénitencier de Blackgate sous la responsabilité de l’officier Vazquez. Ce convoi trés spécial devra ainsi traverser l’ensemble de la ville . En effet, E.M.P. doit être maintenu dans un état catatonique, sans quoi il est capable de générer des ondes électromagnétiques, annihilant toutes sources d’énergie dans un vaste rayon. C’est pourquoi Batman se doit d’escorter ce transfert. Néanmoins, ce qui devait arriver arrivera, et Batman devra lui-même amener E.M.P. à bon port, dans une ville de Gotham plongée dans un black-out total.
Bien que les critiques que j’avais lues étaient plutôt mitigées, je me suis laissé séduire par ce récit en one-shot, qui se lit plutôt bien. L’histoire est simple, voire simpliste, avec un scénario plutôt faible et parfois faussement alambiqué (multiplications des noms, en particulier de factions et de zones géographiques) voire peu crédible sur certains aspects (une guerre des gangs généralisée, sans plus de contexte et sur une seule nuit). Néanmoins, ce n’est pas ce que l’on recherchera ici. Et contrairement au récit, les personnages sont plutôt intéressants (pour une histoire auto-porteuse) avec un Batman qui fatigue au fil de la nuit, un Alfred inquiet, un Brody insaisissable… Et bien sûr un supervilain plutôt léger mais qui suffit à attirer l’empathie du lecteur, avec un background plutôt subtilement distillé. Seule Vasquez fait un peu figure de caricature, sans subtilité, dans la galerie des protagonistes.
Néanmoins, c’est plutôt pour l’ambiance que j’avais acheté cet album. Et sur ce point, je n’ai clairement pas été déçu. L’accent est mis sur une cité de Gotham plongée dans le noir, dont Batman doit traverser les différents quartiers. Chaque quartier est tenu par différents gangs, et l’ambiance pesante et pressante est renforcée par un décompte précis du temps (heure par heure, minute par minute) ainsi qu’une position géographique (sinon claire, au moins figurée) induite par différentes portions de cartes qui ponctuent le récit. Dans des tons sombres, voire avec des aplats clairement noirs, le lecteur est définitivement plongé dans ce black-out.
Les compositions des pages sont globalement travaillée, pour un résultat efficace sur l’ambiance générale de l’ouvrage. Le dessinateur alterne les pleines pages audacieuses (parfois même d’impressionnantes doubles-pages), avec des vignettes tantôt classiques, tantôt dynamiques, tantôt totalement destructurées. Comme évoqué précédemment, l’introduction periodique de plans de Gotham City avec tracé du chemin du Chevalier Noir, ainsi que des timecodes précis, fonctionne de manière tout à fait efficace. Les couleurs sont généralement trés sombres, d’aucun diraient « trop » mais cela ne m’a personnellement pas gêné.
Le dessin en lui-même est assez variables. Parfois trés maitrisé, avec des cases qui frôlent le tableau ou proposent des mises en scènes stupéfiantes, parfois beaucoup moins en particulier sur les visages ou certaines pages qui manquent totalement d’inspiration.
En conclusion, un album qui sera clivant, dont le scénario est faiblard et les dessins trés irréguliers, mais proposant pourtant une ambiance générale unique et réussie.
PS : mention spéciale pour le titre, One Dark Knight, qui n’aurait pas pu être moins inspiré.