Une fois n’est pas coutume, j’avais envie d’aborder le cas d’une bande dessinée pour (petits) enfants plutôt originale : Petit Poilu.
Derrière ce sobriquet (somme toutes pas forcément des plus heureux) se cache une sorte de petit gnome à la tunique verte et au gros nez rouge, qui n’est pas sans faire penser aux schtroumpfs 1. La série compte actuellement une vingtaine de tomes et s’adresse à un public très particulier : les plus jeunes enfants, en particulier ceux… ne sachant pas lire !
Car oui, les albums de Petit Poilu sont tout bonnement muets !
De ce fait, le découpage (et la composition) des albums est soigneusement travaillé pour narrer les péripéties du petit héros de manière tout à fait intelligible. Plusieurs artifices additionnels sont employés, comme les poils du personnage dont les dessins aident à transmettre des émotions.
Contrairement aux lutins bleus de Peyo dont le charadesign s’inspire, Petit Poilu évolue dans un monde totalement fantasque, et sans grande cohérence au long de la série. Là ne réside pas sa force. Collection épisodique, chaque album inclut pourtant un certain nombre de points communs et récurrents (comme autant de rituels enfantins) :
- Le personnage sort du lit en début de chaque album, embrasse ses parents et quitte sa maison ;
- Il serre la main des personnages qu’il rencontre ;
- Lors du climax de l’album, il se consoler avec une photo de sa maman ;
- En fin d’aventure, il ramène avec lui un souvenir de ses péripéties.
Malgré ces gimmicks, chaque tome de la série aborde pourtant une thématique forte et propice aux échanges entre l’enfant et ses parents : l’image de soi, l’amitié, la différence, l’ordre ou le chaos, le devoir… A ce titre, chaque l’album se termine avec une page explicative à destination des adultes.
Une découverte, récente pour ma part, permettant aux parents bédéphiles de transmettre très tôt leur passion à leurs enfants.
- Une ressemblance qui est d’ailleurs tout à fait assumée par les auteurs.[↑]