Odin, père de toutes choses et maître des Dieux, règne suivant sa propre Loi sur l’univers, sans partage. Ou presque… Se refusant à utiliser l’Or, une matière si puissante qu’elle Eclipse la moindre émotion (y compris l’amour), il charge l’une de ses déesses d’en assurer la garder. Mais tandis que le fourbe Fafnir convoite autant l’Or que sa gardienne, cette dernière s’éprend d’un mortel.
Les deux amants maudits sont ainsi poursuivis et punis par le courroux d’Odin, non sans mettre au monde un enfant, Siegfried. Celui-ci est recueilli par Mime, un nain Nibelung, excellent forgeron… celui-là même que Fafnir chargea de forger l’Or, désormais sans gardienne et donc en sa possession. Le petit humain est ainsi élevé dans un monde sauvage, ignorant des dieux, et de ses propres origines. Mais promis à un destin dantesque : tuer Fafnir.
Inspiré de l’Anneau de Nibelung, musique de Wagner, elle-même tirée de mythes vikings et germaniques, ce premier tome nous plonge dans les rudes et froids hivers du Grand Nord, baignés de mythologie scandinave. Plus qu’une histoire, c’est réellement une immersion dans les contes et légendes nodiques qui nous est ici proposée.
Le récit est plutôt avare en dialogue, et ce n’est pas un défaut. L’on suit les péripétie d’un Siegfried d’abord enfant, puis adolescent, puis jeune homme, prêt à embrasser se destinée. Et les successions de vignettes muettes se suffisent généralement. Pour ma part, et afin de m’y plonger au mieux, j’écoutais les morceaux de Wagner ci-dessus durant ma lecture. Le scénario est chargé de symboles, et assume ses proportion mythiques. Ainsi, il ne faut pas nécessairement y rechercher une cohérence absolue, que ce soit dans le fonctionnement de son univers ou les motivations de ses personnages ; et laissez vous porter par la saga qui nous est contée. Notez que le scénario n’est pas simpliste pour autant, et j’ai apprécié l’introduction progressive de protagonistes, au intérêts convergents ou divergents.
Pour instaurer cette ambiance froide et épique, les dessins sont largement à la hauteur. J’ai particulièrement apprécié les vignettes dépeignant les grands espaces du Nord. Mais certaines compositions (telle celle ci-dessus) sont de toute beauté, jouant avec les imbrications, les fondus, les bulles de dialogue… Les actions ne sont pas en reste, et le dessinateur joue avec la plongée et (surtout) les contre-plongées pour souligner la dimension mythologique des scènes. Seules certaines représentations des personnages (en particulier Siegfried jeune) m’ont parues parfois un eu trop simplistes, en constates avec le reste de l’album.
Bref, un excellent premier tome.