En préambule, rappelons que l’univers étendu de Starwars propose en réalité deux univers : l’univers Legend (le plus ancien) et l’univers Canon (depuis le rachat par Disney). Vous trouverez plus de détails dans cet article. Compte tenu de la co-existence de ces deux univers, il est important de distinguer les deux versions de la Guerre des Clones. Car oui, il y en a bien deux versions !
Les guerres cloniques
Clone Wars (abrégé en CW) correspond à la Guerre des Clones dans l’univers Legend. Elle comprend en particulier la mini-série en dessin animé d’origine, ainsi que la série de comics traitée ici.
The Clone Wars (abrégé en TCW) correspond à la série en image de synthèses animées, actuellement sur Disney+ et globalement beaucoup plus connue et marketée. Nous ne l’évoqueront pas plus ici.
Un moyen simple de distinguer CW de TCW est le suivant : le personnage Ashoka Tano (la padawan d’Anakin) indique que vous êtes dans TCW car elle n’existe pas dans CW.
De commencer, vient juste, la Guerre des Clones.
Yoda
Starwars Episode II : L’Attaque des Clones
Premières batailles
Clone Wars est dont une série de 10 tomes qui raconte les péripéties de nombreux Jedi durant la Guerre des Clones, entre les épisodes II et III de Starwars. A l’origine, je ne suis pas un immense fan de la prélogie (films I à III), mais j’avoue que j’étais intrigué par cette période de la chronologie de Star Wars, et cette série bénéficie de très bons retours.
Delcourt, son éditeur français, propose de subdiviser cette série en deux cycles, le premier comprenant 4 tomes. J’ai respecté cette subdivision, aussi je vous invite dans cet article à une vue d’ensemble des 4 premiers albums..
Je vous en propose ci-dessous une revue au travers de plusieurs Critiques Flash individuelles, en liens ci-dessous. Puis, je vous donnerai mon avis d’ensemble.
- Clone Wars #1/10 : La défense de Kamino (publié le 31 août 2022)
- Clone Wars #2/10 : Victoires et sacrifices (publié le 9 septembre 2022)
- Clone Wars #3/10 : Dernier combat sur Jabiim (publié le 21 septembre 2022)
- Clone wars #4/10 : Lumière et ténèbres (publié le 29 septembre 2022)
Bilan intermédiaire
Sans y aller par quatre chemins routes hyperspatiales, mon avis sur cette première moitié de série est assez positif.
Linéarité en pointillés
Tout d’abord, sachez que le lecteur francophone se trouvera face aux difficultés habituelles de séries issues de comics américains : il s’agit d’issues rassemblées entre elles de manière plus ou moins artificielle ; ainsi la linéarité entre chaque portion de l’histoire n’est pas toujours garantie. Dis autrement, il y a des petits trous dans l’histoire, dû au fait que certaines issues n’ont simplement pas été intégrés dans cette édition française. C’est toujours un peu pénible pour le lecteur de BD franco-belge, mais ça fait partie des règles du jeu, et il faut les accepter si vous souhaitez apprécier les comics traduis dans l’Hexagone.
Pour rappel, à la fin de chaque critique (liste ci-dessus), je rappelle les issues qui composent un album de comics édité en France.
Cette légère absence de linéarité entre les issues rassemblées dans cette série, avec des transitions parfois un peu approximatives, apporte néanmoins un point très positif : c’est que nous suivons une galerie très différente de personnages, permettant de multiplier les points de vue sur la Guerre des Clones. Et à mon sens, c’est l’une des principales qualités de cette série. Bien sûr, nous retrouverons les personnages principaux des films de la prélogie, à savoir Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker. Mais en réalité, leur présence sera assez minoritaire. Nous retrouvons également des personnages beaucoup plus secondaires des films originaux, tel que Mace Windu ou le compte Dooku. Et nous avons l’occasion de découvrir bon nombre de nouveaux personnages. Un plaisir que cette approche un peu kaléidoscopique de la Guerre des Clones, qui m’a fait penser à la série La Geste des Chevaliers Dragons côté franco-belge.
À ce titre, on peut parler de narration sociologique pour ce début de série sur la Guerre des Clones. Ce type de narration essaie d’avoir une approche la plus globale possible, en narrant l’évolution de la situation de manière macroscopique, et en s’intéressant moins aux déboires individuels des personnages. Elle s’oppose à la narration psychologique, qui suit un ou éventuellement plusieurs personnages, considéré comme étant le personnage principal de sa propre histoire.
Point de vue séparatiste
Ces quatre premiers albums font la part belle aux personnages que l’on pourrait qualifier de méchants, du côté de Séparatistes. Ainsi en plus de la présence évidente du comte Dooku, nous pouvons ajouter son assassin personnel en la personne d’Assaj Ventress. Un personnage intéressant, une femme forte comme on les aime, mais dont l’origine n’est toujours pas éclaircie après 4 albums.
Notons que Dooku c’est également entouré de plusieurs Jedi Noir, dont les rôles sont relativement récurrents. Rappelons que les Jedi Noirs ne sont pas des siths, mais bien des Chevaliers Jedi déchus. Ainsi, ils font appel au côté obscur de la Force, mais n’adhèrent pas à la culture des siths, ce qui leur interdit l’accès aux techniques et diverses méthodes siths, contrairement à Dark Maul, Dark Tyranus ou Dark Sidious. Les personnages des Jedi Noirs, même s’ils sont individuellement annecdotiques, sont intéressants à suivre en perspective des Chevaliers Jedi qui appartiennent toujours à l’ordre et servent la République. Ils sont le reflet dans l’ombre de ce que peuvent devenir nos héros, et permettent des réflexions intéressantes. Cela semble également établir une sorte de hiérarchie de puissance, dans le camp des Séparatistes.
Puisque je viens de l’évoquer, notons que Palpatine, alias Dark Sidious, est finalement très peu présent alors qu’il est l’antagoniste principal de l’ensemble de l’histoire, un parti pris appréciable.
Les forces de la République
Du côté de la République, nous suivons principalement différents chevaliers Jedi, même si le récit s’attache parfois à certains clones.
En plus des personnages les plus connus, nombre de récits sont centrés sur le Chevalier Jedi baroudeur et ambigu Quinlan Vos. Un personnage plutôt intéressant, même si son penchant régulier vers le côté obscur me semble un peu cliché. J’ai toujours pensé que la notion de Jedi gris n’existait pas vraiment dans l’univers Star Wars, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là. Pourtant ce personnage me semble en être un archétype parfait. Nous suivons également les péripéties de son ex-padawan, Aayla Secura, ainsi que de divers autres Jedi que je vous laisse découvrir.
Qu’en est-il de la Force forme ?
Des dialogues particuliers
Si les différents récits sont très agréables à suivre, et sans grande difficulté, j’avoue que j’ai parfois eu un peu plus de mal avec les dialogues. En particulier dans les deux premiers tomes, je les ai trouvé assez peu inspirés. Fidèle à la tradition des comics, les protagonistes arrivent à s’échanger des punchlines, pour ne pas dire des discours, alors qu’ils sont en plein combats acrobatiques. Personnellement, ça me semble toujours un peu étrange, voire ça me fait sourire… Mais ça fait partie des codes des comics.
Des dessins magnifiques
Les dessins sont globalement de toute beauté. Si j’avais envie de faire du mauvais esprit, je dirais que ce n’est pas bien difficile, vu le dessin animé il a servi de point de départ.
L’ensemble des environnements, notamment les technologies et les vaisseaux, sont tout à fait crédibles et cohérents avec ce que l’on voit dans le reste de la saga Star Wars. Les personnages sont très bien dessinés, largement reconnaissables, mais la galerie des aliens de l’univers Star Wars aide beaucoup à cela, entre les différents appendices, et les différentes couleurs, auquel peut faire appel le dessinateur.
Notons que nombre de personnages que l’on retrouve dans ce comics sont issus des films. Ainsi, on retrouve des visages connus ! Et si ce Obi-Wan et Anakin sont passables, ceux de Mace Windu et en particulier du comte Dooku sont tout à fait impressionnants. Pour ce dernier, j’avais presque la voix de Christopher Lee en tête, en lisant ses bulles de dialogue.
La colorisation complète parfaitement le dessin, avec l’emploi de techniques numériques, qui permettent de renforcer la dimension technologique de l’univers Star Wars, que ce soit dans les jeux de lumière, les réacteurs des vaisseaux, et bien sûr les sabrelasers.
Journal de guerre
La narration explore intelligemment les différents aspects de la guerre.
Certains récits se déroulent sur les champs de bataille, avec toute la détresse que cela peut engendrer, entre les combats perdus d’avance, ou l’utilisation d’arme terrifiantes telles que des virus bactériologiques. D’autres récits, vont s’intéresser au tractations loin des lignes de front, qu’il s’agisse de débat géopolitique ou philosophique, ou de manigances directes tel que l’espionnage, le vol, ou même l’assassinat. Et ce, dans les deux camps !
Même si nous sommes dans l’univers Star Wars, et que les gentils et les méchants sont plutôt bien identifiés, la série est suffisamment intelligente pour donner de la subtilité aux uns et aux autres. Ainsi, on peut voir que les Chevaliers Jedi ou l’armée de la République peut se retrouver à prendre des décisions tout à fait immorales.
Et à l’inverse, l’on comprend pourquoi certaines planètes ou certains personnages peuvent rejoindre le camp du compte Dooku.
En conclusion, une très bonne lecture que ces quatre premiers tomes, conseillés avec justesse sur le serveur Discord de la Bibliothèque Expéditionnaire. Un serveur de discussion que je vous recommande, si vous aimez débattre de l’univers Legend de Star Wars. Je suis un peu surpris par ce choix éditorial d’avoir regroupé les quatre premiers tomes ensemble, car je ne suis vraiment pas certain qu’il y ait réellement une logique narrative à cela. À suivre, dans le tome 5…