Le monde de Tubonia, c’est avant tout une idée loufoque et pas évidente à appréhender au premier abord. Issue de l’imagination de 4 vidéastes actifs sur YouTube, du moins à l’époque où le premier tome de Tubonia a été édité, le principe est de transposer dans un univers médiéval fantastique parodique l’ensemble du YouTube francophone. Vaste projet, d’autant qu’il convient de définir cette dernière notion…
Ainsi, transposer ce microcosme dans un univers fictif au travers d’une série de bandes dessinées, c’est un sacré concept en soi ! Et il va de soi qu’il va être extrêmement difficile de parler de cette série de BDs en tant que telle, en la dissociant de son matériau de base et de sa nature même, à savoir une immense analogie humoristique. En effet, Tubonia, c’est avant tout des centaines de références plus ou moins obscures disséminées dans toutes les cases.
L’univers de Tubonia
L’univers de Tubonia fonctionne donc de la manière suivante.
On y trouve principalement deux castes : les tuboniens et les viouveurs. Les tuboniens forment globalement la noblesse de cet univers. De chevaliers à grands seigneurs, ils vivent à la tête d’une cité qu’ils ont pour vocation d’animer ; plus leur cité est grande, et plus leur grade est élevé. Il s’agit bien évidemment d’une analogie des vidéastes eux-mêmes. Les viouveurs quant à eux, sont les habitants plus classiques de Tubonia. Au travers d’une sorte de passeport, ils peuvent adhérer à la citoyenneté des cités qui leur plaisent, afin de bénéficier des avantages que chaque tubonien peut mettre à la disposition de sa cité. Ici encore, l’analogie avec l’internaute est évidente, ces derniers pouvant s’abonner aux chaînes de vidéos qui les intéressent sur YouTube.
À cela s’ajoute d’autres peuples, imaginés avec une certaine ingéniosité ! On retrouve ainsi les haiteurs, des sortes de petits démons en lesquels peuvent se transformer des viouveurs ayant mal tourné. Mais également des trolls, qui ne deviennent dangereux que si on leur prête attention. Ou encore les chevaliers oubliés, anciens tuboniens disparus de la mémoire collective…
On trouve dans les pages de gardes du tome 1 une carte de fantasy assez classique, permettant de répartir tout cela dans une géographie imaginaire.
Dans cet univers, les trois protagonistes principaux son Sir Gibsy, le barbare bourrin, le mage Absol, ainsi que le jeune viouveur Anthox Colle-à-bois, qui rêve de fonder un jour sa propre cité. Vous l’aurez compris, ces trois personnages sont la projection dans le monde de Tubonia de 3 vidéastes réels, à savoir :
- Sir Gibsy (~320’000 abonnés), qui analyse le petit monde de youtube ;
- Absol vidéo (~390’000 abonnés), mon préféré, propose des documentaires longs mais très travaillés,
- Anthox Collaboy (~430’000 abonnés), analysait autrefois avec vitriol des chaînes Youtube, fait désormais vidéos de réactions trés dispensables.
Critique
En ce qui me concerne, j’ai passé un très bon moment à lire les BDs qui se déroulent dans le monde de Tubonia. Sans être un expert absolu, j’ai quand même un certain nombre de références sur l’univers francophone de la création de vidéos, aussi j’ai repéré de nombreuses références tant dans le dessin que dans les discours, qui m’ont fait sourire à de nombreuses reprises. Comme je le disais en introduction, c’est très difficile de faire la part des choses, aussi j’ignore comment Tubonia serait perçu par quelqu’un de complètement étranger à ce microcosme.
Néanmoins, en essayant de faire abstraction du matériau de base qu’est Tubonia et sa parodie, j’ai tout de même l’impression que l’histoire qui nous est racontée et plutôt sympa à suivre, sans révolutionner le genre, bien entendu. Le temps nous le dira.
Car en effet, le concept de Tubonia est assez limité dans le temps. Un certain nombre de références que j’ai repérées aujourd’hui, sont déjà datées de plusieurs années. Les modes et le fonctionnement de YouTube évoluent plus vite que le temps d’édition des bandes dessinées.
En ce qui concerne le dessin, je le trouve tout à fait honorable. Les personnages sont bien caractérisés, même s’ils n’apparaissent que dans une ou deux cases, ce qui est rendu simple par la nature même de l’œuvre, à savoir une caricature. Les scènes d’action sont très sympathiques, et l’ensemble se lit vite, mais bien. Je ne suis vraiment pas un expert, mais dans certaines de celles-ci, j’ai eu l’impression qu’on se rapprochait légèrement du style manga, avec des personnages plus déformés que dans le reste de l’album, des perspectives exagérées, etc.
Pour plus d’infos, voici les critiques détaillées de chaque tome :
- Les FDP de Tubonia, tome #1 (publié le 12 octobre 2022)
- Ça flambe à Tubonia ? (#2) (publié le 31 octobre 2022)
A suivre ?
Hélas, impossible de conclure sans évoquer le fait que les quatre piliers d’origine du projet ne sont plus en très bons termes à l’heure où j’écris ces lignes. C’est de notoriété publique, pour ceux qui ont suivi l’évolution du projet Tubonia. Ainsi, difficile de dire s’il y aura des suites à cet univers fictif. Même si une série nommée les « Chroniques de Tubonia », a été évoqué et a pour vocation de créer un univers étendu.
En exclusivité, il semble d’ailleurs que ce dernier projet soit toujours en cours :